“Ilotopia”, c’est le doux rêve de créer un îlot d’utopie. Débuté en 2017, le projet s’est mis en place à République-Les-Ponts, un quartier de l’ouest de l’île de Nantes en pleine mutation, une île fluviale sur le cours de la Loire à l’identité plutôt singulière. Représentatif des tissus faubouriens et en majorité composé d’appartements de petites tailles, ce quartier, autrefois habité par les ouvriers de l’ancien chantier naval, est actuellement en cours de renouvellement urbain. En raison de sa vocation sociale, il concentre une forte proportion d’habitants en situation de fragilité et aux revenus modestes. La population vit souvent seule dans un logement individuel et les familles monoparentales sont nombreuses. Face à cette population divisée et souvent en situation de précarité, il devenait urgent de trouver une solution pour les fédérer et les aider à faire bouger leur quartier ? Quelle méthode mettre en œuvre pour développer le « pouvoir d’agir » des habitants afin qu’ils s’approprient ce projet de renouvellement urbain pour en faire « leur » affaire et construire un « commun » qui puisse répondre à leurs besoins ?
Quatre temps pour engager, réunir et guider les habitants vers une appropriation de leur quartier
Le projet Ilotopia fait partie d’un des cinq projets déployés sur l’île de Nantes par l’aménageur Samoa. Pour répondre à ces enjeux, l’agence What Time Is I.T. a développé une méthode originale : l’Assistance à Maîtrise d’Expérimentation. Domiciliée dans un ancien garage transformé en tiers-lieu, l’agence What Time Is I.T a créé le Wattignies Social Club qui est devenu la « base de vie » du projet Ilotopia (cf. carte ci-dessous).Menée par l’anthropologue Stéphane Juguet, l’équipe a été en charge d’amorcer ce projet singulier qu’elle a mené en quatre temps méthodiques. La première étape a été celle du diagnostic. Anthropologues, urbanistes, experts ont donc analysé les caractéristiques des populations présentes dans le quartier et identifié des profils sociologiques, pour y porter un regard particulier.
Ce premier constat a été complété par une deuxième période dite de rencontres « hors les murs » de mars à juillet 2017. L’objectif est d’entrer en contact avec les habitants en engageant la discussion sur l’évolution du faubourg à la sortie des écoles et dans la rue, afin de les informer sur le projet participatif d’aménagement des espaces publics. Cette approche a provoqué des débats dans l’espace public permettant de sonder des imaginaires, des envies, mais aussi de recueillir les inquiétudes et les idées, pouvant nourrir des propositions de projet.
Pour concrétiser les attentes des riverains, un troisième temps dédié à l’animation d’ateliers de co-construction avec les habitants a permis de définir les aménagements des espaces publics les plus appropriés qui pourraient être testés avant un choix définitif d’aménagement. Des chantiers participatifs et des actions de prototypage ont ainsi vu le jour à la suite des idées énoncées par les résidents. Plusieurs propositions ont été concrétisées sous la forme de prototypes pour proposer une préfiguration urbaine temporaire. Ainsi, à partir de trois idées jugées « les plus remarquables », trois chantiers ont été retenus par les habitants. Ces chantiers citoyens se sont ouverts sur un axe, celui de la rue Biesse, qui est l’épine dorsale, l’axe historique du faubourg.
Carte de localisation des trois chantiers participatifs et du tiers-lieu Wattignies Social Club le long de la rue de Biesse, dans le quartier de République-Les-Ponts, Ile de Nantes
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Photo de couverture : Mafé, cuisine africaine partagée sur la Place Wattignies, Ile de Nantes