Au départ les citoyens n’y croyaient pas, tout le monde vivait sa vie normalement, des espaces publics pleins, des restaurants bondés, tout le monde travaillait, faisait son shopping, une vie normale quoi !

Rue de France Centre-ville de Constantine Algérie, photo prise par l’auteur 14 Mars 2020

La ville de Constantine vivait à son rythme, les enfants jouaient dehors normalement les gens partaient à leurs boulots, on se déplaçait dans les transports publics, le tramway assurait son itinéraire….
Par la suite et une semaine avant les vacances scolaires et universitaires, le président de république algérienne Mr Tebboun, prends la décision et décrète l’avancement des vacances, par mesure de sécurité face à cette pandémie qui ravage le monde entier. Il préconise et ordonne le confinement des familles pour ne pas propager le virus.
Hélas les citoyens de Constantine, ne reçoivent pas correctement ce message d’urgence et continuent leur vie comme si de rien n’était…
La crise s’aggrave jour après jour et met à nu le comportement d’une société algérienne qui refuse de se plier à l’urgence, le citoyen refuse de se détacher de ses proches, ses amis, son travail, son café, enfin il refuse de se confiner tout simplement.

Il faut avouer que passer du mode liberté en ville, au mode confinement est difficile à accepter et à appliquer, et c’est là où la sensibilisation citoyenne rentre en jeu sous toutes ses formes, dans les réseaux sociaux, par les affiches, via la télévision, ou collés tout simplement dans les murs de la ville, par la pédagogie, beaucoup de moyens sont mis en œuvre pour trouver bon entendeur.

Et graduellement on sentait que les choses commençaient à rentrer dans l’ordre, les citoyens deviennent de plus en plus conscients du danger qui les guette, et commence à mieux assimiler cette situation difficile à digérer.
Dès lors la ville de Constantine commençait à se vider graduellement, en réalité la guerre contre la contagion avait commencé, Corona virus est vrai il est là entre nous il partage notre quotidien, il envahit nos villes et les vide de tout sens.

Rue de France Centre-ville de Constantine Algérie, photo prise par l’auteur 17 Mars 2020

Le président de la république décrète alors l’arrêt de tous les transports aériens, terriens et marins à l’échelle de toute l’Algérie.
Actuellement nous attendons l’ordre du confinement total qui peut tomber à tout instant !

Des questions pertinentes me traversent l’esprit que va faire le Virus Corona de ma ville de nos villes de mon pays l’Algérie ?

Et là je me résigne à dire ce virus qui est arrivé à désocialiser des villes entières, à les fermer, à clôturer la Mecque, à fermer des pays entiers, à faire installer la mort entre nous qui devient si proche, est-il venu pour mettre un ordre dans ce désordre que nous étions en train de vivre quotidiennement ?

Il faut noter que les villes dans le monde entier ont sonnées l’alerte depuis une décennie face à la pollution, aux agissements de cette population parfois irresponsable et insouciante, qui œuvrait pour faire de ces villes, ces êtres vivants des villes dépourvues de toute âme et de tout sens.

Faut-il réussir à voir la face cachée de l’iceberg, le revers de la médaille montre que le virus Corona est venu pour chambouler nos vies les remettre en cause, l’empreinte écologique a fortement baissée sans doute face à ce repos obligatoire, de cet être humain qui ne cesse de produire des déchets en quantité phénoménale, de polluer des villes entières suite à l’utilisation du tout automobile, les usines, …etc.

Peut-on alors considérer que le Corona Virus est une solution pour faire reposer nos villes, les mettre en stand-by pour un moment, pour un certain temps, afin de les laisser respirer un peu, les villes se vident des hommes, des animaux, de tout en fait, pour avoir la paix, elles vont se reposer quelques mois certainement, elles vont revivre, respirer cet air frais tant attendu, tant recherché. À vrai dire nos villes se vident pour mieux revivre, l’accessibilité devient de plus en plus restreinte, la mobilité est réduite à son maximum, un stop, un arrêt imposé par un virus minuscule qui est venu changer la donne de la ville, afin que l’homme voit et revoit les dégâts qu’il a fait subir à nos villes. Il doit se remettre en cause et remettre en cause ses agissements, ses comportements, régler ce qui ne va plus dans nos villes.
Je pense qu’il y aura beaucoup de remises en question dans le bon sens afin que le citoyen, se rend compte qu’il représente ce contenu qui vit dans un contenant qui est sa propre ville et qu’il est dans l’obligation de protéger ce lieu, afin qu’il arrive à vivre en toute sérénité.

Rofia ABADA épouse ARZOUR Enseignante chercheur Université Abdelhafid Boussouf Mila
Doctorante Laboratoire Ville et Santé LVS
Faculté d’architecture et d’urbanisme de Constantine (Algérie)