Le 2 février 2022, la Fondation Abbé Pierre a publié son rapport annuel sur le mal-logement qui a fait du bruit. Il a mis en lumière deux problématiques intéressantes liées au logement : la forte hausse des loyers et le nombre de bureaux inutilisés face au manque de logements. Ce rapport a également abordé l’importance de l’objectif de zéro artificialisation nette fixé à 2050 par la loi Climat et Résilience et la mise en place d’une comptabilité carbone dans le cadre de la Réglementation Environnementale 2020. Il ne suffit pas seulement d’améliorer l’accès aux logements, il faut également les adapter au contexte environnemental actuel. Malgré un manque indéniable du sujet du logement dans le débat électoral selon 73% des français, les programmes de la campagne présidentielle de certains candidats ont été guidés par ce rapport. Mais la droite et la gauche n’ont néanmoins pas les mêmes perspectives et solutions à proposer.
Le logement : un thème insuffisamment abordé dans la campagne #présidentielle pour 73% des Français. Sondage @KantarPublic pour @UnionHlm pic.twitter.com/PCCvTgHPrR
— Guillaume Caline (@G_Caline) March 9, 2017
Hausse des prix et des loyers, comment lutter ?
En premier lieu, l’encadrement des loyers est aujourd’hui la proposition phare de cette campagne. Avec la flambée des prix des loyers en France, et alors que l’augmentation des prix de l’énergie pèse de plus en plus lourd, il est devenu essentiel de ralentir la tendance. Philippe Poutou tout comme Jean Lassalle envisagent donc un blocage pur et simple des loyers. Nathalie Arthaud, ayant le même type d’objectif, a exprimé sa volonté de charger des comités locaux de veiller sur cette mesure.
Dans un même ordre d’idée, Jean-Luc Mélenchon souhaite bloquer les prix des loyers partout sur le territoire, mais porte également l’ambition de créer une “sécurité sociale du logement”. Celle-ci prendrait la forme d’une garantie universelle des loyers, grâce à une caisse de cotisation alimentée par un prélèvement de 2,5 % sur les loyers. De son côté, Fabien Roussel ambitionne, lui aussi, de créer une structure publique en rapport au logement : un service public national et décentralisé de l’habitat, du logement et de la ville. Ses objectifs seraient notamment de baisser les loyers et les charges, de lutter contre la spéculation du sol et d’inciter à la construction de logements sociaux.
D’autre part, alors qu’Anne Hidalgo souhaite un encadrement généralisé dans toutes les zones tendues en France, Jean-Luc Mélenchon propose même d’abaisser de 20 % les maxima applicables sur tout le territoire.
A droite, Nicolas Dupont-Aignan a pour objectif de mettre fin à toute baisse pour les APL destinés aux étudiants. La candidate du parti Les Républicains Valérie Pécresse, quant à elle, a particulièrement intéressé les électeurs avec sa mesure de garantie immobilière solidaire selon un récent sondage.
#Sondage exclusif #Presidentielle2022 : en matière de #logement, les Français plébiscitent le « quoi qu’il en coûte » !
— PARTICULIER A PARTICULIER (PAP.fr) (@pap_fr) March 24, 2022
Une enquête inédite et originale réalisée par PARTICULIER A PARTICULIER auprès de 18.712 français, entre le 16 et le 18 mars 2022 : https://t.co/MtCS1xmxYX pic.twitter.com/KGhbJlIveg
Renforcer l’effort de production de logements sociaux
Les candidats de gauche ont tous des objectifs concernant les logements sociaux en France. Si certains sont moins ambitieux que d’autres, comme Anne Hidalgo qui propose la construction de 150 000 logements sociaux par an, la plupart visent les 200 000 logements. C’est notamment le cas de Philippe Poutou, Fabien Roussel et Jean-Luc Mélenchon.
Les partis de droite, quant à eux, sont un peu plus vagues dans leurs objectifs concernant ce type de logement. Au lieu de nous proposer des objectifs annuels, ils s’étalent sur toute la durée du futur quinquennat. Cependant même si les chiffres paraissent plus importants, ils sont donc inférieurs à ceux proposés par la gauche. Valérie Pécresse a intégré dans son programme la construction de 500 000 nouveaux logements, soit 100 000 logements par an, exactement comme Marine Le Pen.
Le candidat du parti écologiste Yannick Jadot, quant à lui, se rapproche des objectifs des autres candidats de gauche avec ses 700 000 logements sociaux envisagés (soit 140 000 à l’année).
Les sanctions sont également de rigueur pour les communes qui ne respectent pas les taux de 25% de logements sociaux minimum exigés par la loi SRU. Fabien Roussel et Jean Lassalle veulent renforcer ces sanctions, au même titre qu’Anne Hidalgo qui espère inciter les maires à construire davantage.
Quelle fiscalité autour du logement en France ?
Si les objectifs de logement sociaux sont plus bas pour la droite et l’extrême-droite, c’est qu’elles se concentrent plutôt sur l’aspect fiscal qui entoure le logement. En effet, le levier mobilisé par leurs programmes porte davantage sur les aides financières, la suppression des frais de notaire et de l’impôt sur la fortune, notamment en ce qui concerne Eric Zemmour et Marine Le Pen. Le premier milite pour une exonération des droits de mutation pour les primo-accédants, tandis que la seconde souhaite mettre en place un prêt public à taux zéro, d’un montant maximal de 100 000 € pour les jeunes couples. Agir sur le prêt à taux zéro est également l’angle d’attaque de Valérie Pécresse qui prévoit de l’élargir à tout le territoire pour tous les premiers acquéreurs. Elle propose également d’élargir le bail réel solidaire pour permettre aux jeunes de se constituer un premier capital. Toujours dans une optique de favoriser l’accession à la propriété, Jean Lassalle du parti Résistons a prévu de développer le principe de la location-accession, permettant au locataire de devenir automatiquement propriétaire dès que le montant des mensualités correspondra à la valeur du bien. Jean Lassalle a également mentionné les aides financières APL dans son programme, tout comme Valérie Pécresse. Le premier désire augmenter leur montant pour les jeunes tandis que Mme. Pécresse souhaite rétablir l’APL en accession pour faciliter le remboursement d’un prêt immobilier pour les familles modestes.
Objectif zéro sans-abris : pour un meilleur accès aux logements
Philippe Poutou dénonce la situation catastrophique actuelle du logement. Il profite de la campagne pour notamment pointer du doigt des mesures qui encourageraient la spéculation et évoque un bilan lourd de quatre millions de mal-logés dont 300 000 sans-abris, malgré l’objectif zéro SDF annoncé par Emmanuel Macron. Un enjeu d’autant plus important depuis que le confinement a mis en exergue l’importance du logement et de sa qualité sur notre santé physique, mentale et sociale.
💡 Selon l’étude #Cogedim @OpinionWay publiée aujourd’hui, les Français établissent un lien très clair entre la qualité de leur logement et leur santé physique, mentale et sociale pic.twitter.com/oA75LH9Q6K
— Altarea (@altarea_groupe) November 17, 2021
Pour y répondre, Philippe Poutou appelle à la réquisition des logements vides et à l’arrêt des expulsions. Sur ces mesures, il est suivi par les autres candidats de gauche comme Nathalie Arthaud qui mise sur des réquisitionnements massifs des logements sous-occupés ou des bureaux appartenant à de grands groupes pour en faire des logements sociaux. Jean-Luc Mélenchon prévoit quant à lui d’interdire les expulsions des locataires s’il n’y a pas de solution de relogement public, tandis que Fabien Roussel pousse la mesure plus loin en interdisant les saisies et les expulsions mais aussi les coupures d’eau et d’énergie pour toutes les personnes en difficulté.
A droite, les mesures sur ce sujet se font plus rares et moins poussées. Néanmoins Marine Le Pen, qui souhaite renouer avec la France des propriétaires, propose de racheter les logements vacants par l’État pour les vendre à un prix symbolique en contrepartie de travaux. Une mesure qui va dans le sens de celles proposées par le candidat Nicolas Dupont-Aignan qui promet de multiplier par deux le nombre de nouveaux propriétaires chaque année et de créer un fond public pour l’habitat qui vise à racheter des logements en mauvais état en zone rurale.
Des logements mis aux normes énergétiques
Les logements sont la deuxième cause d’émission de CO2, c’est pourquoi réduire leur empreinte écologique est un enjeu central. Pour y parvenir, il s’agit surtout d’investir dans la rénovation et la mise aux normes énergétiques des habitations. Des mesures que l’on retrouve essentiellement dans les programmes de gauche. Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo mais aussi Emmanuel Macron prévoient tous de rénover et d’isoler au moins 700 000 logements par an. Yannick Jadot, quant à lui, n’a pas quantifié par année les logements à rénover mais a promis de rénover les cinq millions de logements passoires d’ici dix ans. Un projet ambitieux qui s’accompagne d’un plan d’investissement de dix milliards d’euros étalés sur cinq ans pour réduire les factures énergétiques et rénover les logements par la prise en charge des travaux chez les propriétaires modestes, et l’avance aux moins modestes qui devront rembourser le montant au moment de la vente. Un plan que le secrétaire national du Parti Communiste Français partage mais avec des attentes plus importantes puisqu’il souhaite investir la même somme chaque année dans un objectif de rénovation énergétique mais aussi de construction de logements sociaux à des labels obligatoires de performance énergétique et environnementale élevée. Ce qui le différencie des constructions envisagées par M.Jadot qui prévoit de créer des bâtiments zéro carbone et de très grandes hauteurs dans les villes à forts besoins.
De son côté, Valérie Pécresse est l’une des seules candidates de droite qui inclut ce genre de mesures dans son programme. Elle prévoit en effet un budget d’un montant de 120 milliards d’euros pour financer des prêts pour la construction d’infrastructures bas carbone. Elle prévoit aussi de lutter contre la précarité énergétique en amplifiant la politique de rénovation énergétique avec des aides de l’Etat qui devront concerner tous les logements sociaux.
Finalement, on remarque que la droite agit principalement sur le logement par le biais de l’accession et de la fiscalité avec des mesures facilitatrices et plus souples. Alors que la gauche se tourne davantage vers le social et l’environnemental avec des objectifs de construction de logements sociaux, d’encadrement de loyers et de zéro sans-abris.