« J’ai connu Roland aux Beaux-Arts. Quand je l’ai connu, pour moi, il s’appelait Castro uniquement. C’était un homme qui parlait beaucoup, et surtout du sujet, de la question du moment, il était toujours intéressé par la politique, les événements, l’actualité. 

Pour moi, un architecte, c’est quelqu’un d’ouvert, qui parle de tout, qui ne parle pas que d’architecture, comme Roland. Et c’est cette façon de parler et de lier les gens qui en faisaient finalement un animateur. Alors, il revendiquait la gauche, et c’était amusant que tout le monde l’appelle Castro, car il se revendiquait comme homme politique. Je l’ai croisé dans beaucoup de réunions, on avait toujours quelque chose à se dire. 

C’était quelqu’un qui essayait toujours de pousser les choses, avec le concours des Halles, ou encore le syndicat de l’architecture. Donc c’est à travers tout ça que je l’ai rencontré. Roland était un homme de culture, très diversifié. Il était d’ailleurs plus connu comme animateur intellectuel, enseignant, avant d’être architecte. Ensuite, nous nous sommes retrouvés sur le projet du Grand Paris, où nous avons pu nous comprendre dans la façon de travailler, sur des lieux qui avaient un avenir, selon nous, car on avait tous cette passion sur l’avenir de Paris. Et puis c’est à ce moment que certaines choses ont mal tourné, avec un certain Monsieur Blanc, qui a mené son propre projet sans regarder celui des autres. 

Alors, Roland est aussi un architecte, qui surprend, qui m’a surpris. Quand j’ai découvert la maison de la bande dessinée à Angoulême, c’était et ça reste à ce jour son meilleur bâtiment à mes yeux. C’est un bâtiment de grande sensibilité qui ne ressemble pas à ce qu’il a pu faire à Paris. Et avec ces travaux sur le logement social également, il était avant-gardiste, il était dans le mouvement, l’ouverture. C’est comme ça que je le vois, comme quelqu’un qui a rempli une place culturelle dans l’architecture. « 

Jean Nouvel, le 22 mai 2023

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Image de couverture ©Pavillon de l’Arsenal