Pour Terry Farrell, “le système de planification a toujours été incroyablement opaque” en Angleterre. Cet architecte de 83 ans milite depuis des années pour que le public ait plus facilement accès aux projets de développement urbain de la ville. Dès 2014, il avait préconisé l’instauration d’urban rooms, ou salles urbaines, lors de la remise d’un rapport sur l’architecture et l’environnement bâti remis au gouvernement. Face au non-intérêt manifesté par sa proposition, il a lui-même investi un million de livres sterling de sa poche au bénéfice de l’université de Newcastle qui a mis en place une première salle à Tyneside, dans un ancien grand magasin du XIXe siècle.
Ce nouveau centre Farrell tient énormément au cœur de son artisan principal, qui a grandi dans la banlieue de Newcastle et a été témoin de l’importante démolition et reconstruction de la ville dans les années 1960, sans qu’aucune consultation citoyenne n’ait eu lieu. Pour éviter ceci, l’urban room sera le lieu d’expositions, d’évènements, d’implantations pour des jeunes entreprises et sera équipé en son centre d’une gigantesque maquette sur laquelle toutes les propositions d’urbanismes pourront être décortiquées par les visiteurs.
Cette initiative a inspiré une douzaine d’autres projets de salles à travers l’Angleterre, qui se sont même constitués en réseau depuis. Ces différentes expériences peuvent profiter de la forte vacance dans la plupart des rues commerçantes du pays pour y installer leurs salles, bien qu’il est à noter qu’aucune d’entre elles n’a reçu un financement public. Si ce manque de soutien les force à trouver des financements ailleurs, il permet également aux porteurs de ce projet de s’assurer d’une forte neutralité par rapport aux projets commentés et potentiellement critiqués.
Le dernier objectif est de dédier une partie de la salle aux histoires des citadins, pour raconter l’histoire passée, présente et future de la ville. Pour cela, les habitants sont invités à ramener des objets personnels qui contribuent à raconter Tyneside, pour combiner le “précieux et le banal”. Une initiative plus que passionnante pour permettre aux citoyens de s’impliquer dans la fabrique de leur ville !
Photo de couverture Ryan Booth/Unsplash