Bali, Mexico, mais aussi Naples, ou encore Pompéi de manière plus dramatique, toutes ces villes parmi d’autre font, ou ont fait face aux humeurs ardentes de leur imposant massif. Comment alors expliquer aujourd’hui encore un tel développement dans ces zones pourtant tant dangereuses ? Comment expliquer l’attrait et l’amour parfois fou pour ces monticules agressifs, véritables emblèmes des « villes-volcans » développées en contrebas ?

Des volcans devenus divinités, entre adoration et terreur

Très tôt dans l’histoire de l’humanité et de l’agriculture, les volcans ont été perçus comme étant la source d’une admiration bien particulière. Outre leur imposante stature, les bienfaits des environnements volcaniques se répercutent en effet notamment sur la qualité de l’agriculture locale : les cendres déposées sur le sol à la suite d’une éruption représentent un engrais particulièrement fertilisant, grâce à un phénomène appelé « argilisation ». Avant la catastrophe de Pompéi, qui a enseveli l’ensemble de la cité antique lors de l’éruption du Vésuve en l’an 79, des cultures de vignes étaient mêmes situées dans le cratère du bourreau !

Cet intérêt pour les volcans en a d’ailleurs fait des figures à part, dont les hommages, ou les offrandes sont retrouvées dans chacune des cités-volcans. Devenues incarnations de multiples divinités à travers les âges et les peuples, les montagnes grondantes sont craintes et leurs ardeurs sont le symbole des effervescences et des émotions divines. Ainsi, Popocatépetl serait selon la légende mexicaine le guerrier amoureux de Iztaccíhuatl, et dont les deux corps auraient été transformés en volcans qui se font face. Le cœur chaud du guerrier laisserait encore laisser s’échapper des émanations de fumée à l’égard de sa bien-aimée…

La perception des volcans n’est pourtant pas toujours aussi rose. En restant dans des tons « chauds » voire torrides, cette perception peut en revanche revêtir une image d’un sinistre et effroyable rouge vif. À l’image du drame de Pompéi, les volcans peuvent en effet apporter dans leur fougue autant de mort et de destruction, par le feu ou par les cendres. Ainsi, les cratères sont également perçus comme étant la porte d’entrée vers les Enfers situés dans les profondeurs de la Terre…

Entre symbolisme, patrimoine local et attractivité touristique des volcans

Aujourd’hui, les multiples légendes autour des volcans n’ont plus la même ampleur qu’à l’époque des premières constructions des villes, même si les populations (locales ou non) se plaisent parfois à y croire, pour frissonner, rêver, ou simplement pour donner du sens à l’apparition de la ville menacée. Parce qu’en effet, si les fables et les mythes ont perdu de leur verve, la menace est toujours d’actualité. Alors comment expliquer un développement encore si important pour des espaces urbains qui inquiètent de manière légitime les populations au moindre ronflement rauque ?

Parmi les villes concernées, certaines sont même devenues des capitales. C’est le cas de Mexico, mégapole tentaculaire qui doit s’adapter aux contraintes topologiques des reliefs environnants. D’autres villes (mais c’est aussi le cas de la capitale mexicaine) misent particulièrement pour leur développement sur le tourisme dont elle font preuve. La capitale de l’île de Bali, Denpasar, fait partie de ces exemples. En Europe, l’exemple de Naples reflète bien cette culture locale devenue très touristique, dont le Vésuve en est l’attraction emblématique.

À Mexico, à Bali, à Naples et ailleurs, les volcans emblèmes sont donc devenus les symboles concrets et visibles d’une culture locale qui définit le territoire urbain proche. Ces symboles monumentaux sont également le théâtre des légendes et d’une histoire qui ont marqué une époque. Les villes-volcans ne semblent aujourd’hui plus pouvoir se passer de ces éléments naturels, certes dangereux, mais qui continuent de tant fasciner les foules.

Dans la même veine, nous pourrions également citer le Mont Fuji, qui quant à lui est certes moins menaçant pour la population tokyoïte car plus éloigné, mais est un symbole majeur dans l’ensemble du Japon et vecteur d’un tourisme et d’une admiration sans limites.

Les villes et leur volcan : -je t’aime – moi non plus

La perception véhiculée par l’imposante présence des volcans a toujours fasciné les populations qui sont venues s’installer à leur proximité. Le coup de foudre pour cet élément naturel énigmatique a largement été porté par la symbolique qu’il représentait. Incarnations d’une présence divine, les volcans ont rapidement été adulés, malgré les humeurs dévastatrices qui leur étaient toutefois rapidement pardonnées.

Le lien d’attachement à ces montagnes vivantes était déjà trop fort pour s’en séparer et pour se réfugier des éruptions, qui retentissaient comme des coups de cymbale dans une ballade amoureuse. L’héritage aujourd’hui de cette romance à sens unique semble être devenu pour les villes-volcans qui s’y sont construites le cœur d’une attractivité et d’un développement inaltérable, le flanc chaud d’un amant que l’on savait pourtant destructeur.

Désormais, à Bali et ailleurs, les villes doivent continuer à s’adapter à leur volcan de manière à garantir une certaine sécurité pour l’ensemble des populations. Mais cette sécurité qui reste à définir pour chacune des villes concernées devrait pouvoir en parallèle leur permettre de continuer à découvrir et à honorer ces personnalités légendaires qui fascinent toujours autant.