C’est lors d’un de ses trajets quotidiens en métro dans la capitale anglaise qu’Agamemnon Otero, citadin féru de nature et militant écologiste, a eu une la bonne idée il y a dix ans : mettre le Subway dans un jardin et ainsi faire du réseau de métro londonien un corridor écologique.

En 2011, nous le savions déjà, la ville est source de pollution et le secteur des transports particulièrement. Au Royaume-Uni, il est à l’origine de 27 % des émissions de gaz à effet de serre, et même si c’est surtout le trafic routier qui est en cause, les transports en commun polluent eux aussi. Or, les couloirs de biodiversité sont à même de limiter cette pollution urbaine et c’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles nombre de capitales européennes prônent désormais la protection et la multiplication des trames vertes et bleues ou corridor écologiques.

Or, remarque Agamemnon, la plupart du temps, les exploitants ferroviaires libèrent des pans entiers d’espace le long des voies de chemin de fer et les laissent dénués de toute forme de vie. Des bandes de terres nues et désincarnées, parfois bitumées, c’était le paysage de l’Overground, ligne de métro aérienne desservant les banlieues de la capitale il y a dix ans. Mais avec le lancement de l’association Energy Garden, le paysage s’est peu à peu transformé. 

En 2011, Energy Garden est créée autour d’un petit groupe de bénévoles, avec le soutien de la ville de Londres et des Transports of London. L’objectif de l’association est de renforcer la résilience des communautés urbaines et ce, sur un terrain privilégié : le réseau du métro londonien. 

Le premier chantier mené par Energy Garden était celui de la station Brondesbury Park, au nord-ouest de Londres sur la ligne de l’Overground. Les bénévoles ont retiré les couches de gravats et planter par centaines graines et végétaux. Aujourd’hui, la station est un jardin verdoyant et animé, où fleurs éclatantes, arbres fruitiers, herbes aromatiques, thé, légumes et houblon s’épanouissent à profusion.

Ce chantier réussi a fait la réputation de l’association et lancé de nouveaux projets de jardins à Londres, mais c’est la pandémie de Covid-19 et les confinements successifs qui ont véritablement marqué un tournant dans la création et la gestion des jardins partagés d’Energy Garden. En effet, l’année passée, des citadins avides de nature ont rejoint en nombre l’initiative d’Energy Garden et participer au développement des sites. La capitale compte aujourd’hui 34 jardins communautaires le long du réseau de métro cachés à la vue de tous. Ceux-ci sont quotidiennement entretenus par plus de 300 citadins bénévoles.

Bonus. Ces jardins fonctionnent en autonomie énergétique. En effet, ils sont dotés de panneaux solaires qui alimentent les tuyaux d’arrosage. L’électricité excédentaire est revendue aux gestionnaires des transports en commun de Londres pour compenser leur empreinte carbone. Grâce à ce partenariat économique, les bénévoles peuvent développer de nouveaux jardins communautaires. Ils organisent également des programmes de formation pour les jeunes afin de les sensibiliser aux pratiques durables et mènent des campagnes d’information sur les bienfaits des plantes en ville. Les londoniens sont ravis, les végétaux transforment les émissions de dioxyde de carbone et fédèrent dans de nouveaux espaces urbains collectifs où il fait bon vivre.

Crédits photo de couverture ©Gagliardi Photography/Canva