Un berger au milieu des tours d’immeuble

Cela fait maintenant une dizaine d’années que Gilles Amar, natif de Bondy, a élu domicile aux pieds des barres d’immeuble de Bagnolet avec ses animaux. Diplômé d’un BTS en agriculture et d’un master en ethnologie, Gilles Amar a ramené de la campagne dans cette ville de Seine-Saint-Denis de 35 000 habitants. Son association, Sors de terre, est devenue un des acteurs incontournables de Bagnolet. 

À la base du projet, Gilles Amar installe des ateliers d’artistes dans le jardin de son immeuble. Il crée ensuite une association d’initiatives locales, qui devient propriétaire de chèvres. Pour les vacances d’été, il demande à l’école publique du quartier si les animaux peuvent rester dans le jardin de l’école. Elles n’en sont jamais parties depuis…

La bergerie, centre névralgique du quartier 

Le projet est celui d’un espace ouvert à tous, zigzaguant d’un jardin d’immeuble à un autre et totalisant au total 6000 mètres carré d’espaces verts occupés. La bergerie des Malassis est devenue aujourd’hui indissociable de l’école maternelle de la Pêche d’Or dont le jardin est occupé par les animaux, conférant à l’établissement une dimension unique de ferme-école. Les animaux sont un appui pédagogique et permettent de faire découvrir plantes et la nature à ces enfants issus des zones urbaines. Collèges, associations, entreprises, handicapés… tous sont aussi les bienvenus pour une pause alternative dans les jardins de Gilles. Des poules, un âne, des chèvres, un atelier de travail du cuir et de la laine des moutons, un potager, un verger, un jardin d’herbes aromatiques, un compost… tout le monde y trouve son compte. Les habitants, depuis dix ans, sont très attachés à ce tiers-lieu qui redonne vie au bitume.

Un projet municipal qui déplaît

Bien vite, le rêve accompli de Gilles et des membres actifs de l’association se voit terni par un projet de travaux publics, qui, derrière l’arbre d’une rénovation légitime de l’école publique, cache la forêt d’une construction de deux tours d’immeuble de sept étages pour la vente de logements privés. Si Gilles accepte que son projet soit partenaire d’une amélioration de l’urbanisme de Bagnolet, la réduction de son terrain par six et l’installation d’immeubles bétonnés au milieu de sa bergerie servant l’intérêt privé ne le ravit pas. À force de publication sur son blog et de signatures recueillies pour sa pétition, on ne marche pas si facilement sur les plates-bandes du berger. Qui du béton ou du pâturage, aura le dernier mot ? 

Crédit photo de couverture ©David Mark via Pixabay