En France, chaque habitant produit en moyenne 590 kg de déchets chaque année. Ces chiffres, reportés à l’échelle d’une famille, d’un village ou d’un ville, sont affolants et ne cessent pourtant d’augmenter à mesure que notre niveau de vie s’améliore et nous permette de consommer plus. L’augmentation de matière jetée est également due à la qualité des biens que nous acquérons qui va en diminuant. Pour consommer plus, nous avons consenti à ce que nos objets du quotidien aient une faible espérance de vie, pourvu qu’ils puissent nous coûter peu cher. L’atomicité du marché s’est ainsi considérablement accrue par la mondialisation de l’offre et de la demande et par une logique de surconsommation dans laquelle nous nous sommes inscrits. Dans tous les programmes écologiques que ces élections nous donnent à voir, la question des déchets soulève plusieurs points : peut-on les réduire ? Comment sensibiliser les habitants au tri sélectif de ces déchets ? Qui doit s’occuper de leur récolte ?  

Depuis la loi NOTRe de 2015, la gestion des déchets est une compétence relevant des EPCI, Etablissements Public de Coopération Intercommunale, autrement appelés intercommunalités. Puisque l’échelle la plus petite de l’intercommunalité est celle de la commune, le projet porté par un élu municipal a vocation à être diffusé à plus grande échelle.

Coup de projecteur sur…

SAINT-ETIENNE 

La Métropole de Saint-Etienne compte plus de 400 000 habitants. Une étude locale démontre que chaque année, un habitant jette plus de 250 kilos de déchets dans sa poubelle classique, alors que 80% de ces déchets pourraient être recyclés. Cette année, huit candidats présentent une liste pour succéder à Gaël Perdriau, maire actuellement au pouvoir. Que proposent alors les candidats de Saint-Étienne en matière d’écologie et de traitement des déchets ?

Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Etienne depuis 2014, ne veut pas s’arrêter là dans son projet. Il souhaite tout d’abord doubler les corbeilles sur la voie publique, pour inciter les habitants à jeter leurs déchets non sur la voie publique mais dans des poubelles prévues à cet effet. Il souhaite également mettre en place un plan de sensibilisation au tri, pour les jeunes générations. Et enfin, le maire sortant espère mettre en place une subvention pour les particuliers désirant s’équiper d’un composteur. 

Au parti écologique, représenté par Olivier Goujeon, on souhaite faire en sorte de moins jeter. Le candidat EELV veut développer les “services partagés” de quartier comme les ressourceries ou les recycleries pour le prêt et le don d’objets afin de redonner une seconde vie à ces derniers. 

Le candidat au Parti Socialiste, Patrick Coubon, veut lui aussi soutenir financièrement les acteurs de la filière du réemploi. Mais en plus de cela, une façon de réduire les déchets serait, selon le candidat PS, le déploiement d’une troisième poubelle dite “organique”, utile à la collecte des biodéchets alimentaires et l’installation de bacs à compost à apport volontaire par îlots d’habitation, accompagné d’une formation de la population pour le tri de ces déchets. 

Pour Patrick Revelli, ancien joueur de l’ASSE et candidat soutenu par LREM pour Saint-Etienne, il faut mettre en place la brigade de l’environnement et verbaliser les infractions liées au tri. Il en va de même pour Sophie Robert du Rassemblement national. Il faut à la fois traquer les poubelles abandonnées et rétablir les travaux d’intérêt généraux pour les auteurs de dégradations liées au tri et aux poubelles. 

Quant à Andrée Taurinya représentant la liste citoyenne et écologique, il faut mettre un terme aux délégations des services publics et redonner les compétences à la collectivité et ainsi “récupérer l’argent versé à des actionnaires.”

PARIS 

Dans la capitale aussi, la gestion des déchets fait débat. Au moment des grèves du mois de décembre et janvier, les parisiens se sont parfois offusqués de la récolte des déchets interrompue pendant plusieurs semaines. La question s’est alors installée dans le débat public, à la vue de ces très nombreux déchets laissés en déshérence sur les trottoirs. En effet à Paris, 3 000 tonnes de déchets sont récoltées chaque jour. Pour les élections municipales, si les propositions des candidats se ressemblent, elles diffèrent sur quelques points précis quant à la gestion des déchets.

déchets Paris - éboueurs

Éboueur durant la collecte des déchets à Paris – Octobre 2013 – Crédit photo ©Kevin. B via Wikipédia

Pour Agnès Buzyn, candidate LREM, il faut réorganiser complètement le système de propreté de Paris. 2 000 agents de nettoiement seront recrutés en plus pour nettoyer les rues. C’est pour Agnès Buzyn une priorité qu’elle mettra en place selon ses dires, dès les 100 premiers jours de son mandat. Elle veut aussi, en termes de rendements, doubler le taux de déchets recyclés et désigner des “managers de rues”, gardiens d’une certaine propreté. 

Pour Rachida Dati, candidate des Républicains à la mairie de Paris, il faut expérimenter le recours à l’intelligence artificielle pour “améliorer l’entretien des rues”. La candidate de droite veut aussi externaliser la collecte de déchets pour que tous les territoires soient traités également face aux potentielles grèves de traitement des déchets. Rachida Dati cible aussi des endroits précis de secteurs où il faut focaliser le traitement de déchets, comme par exemple les parcs : le bois de Boulogne et le bois de Vincennes. Et enfin, pour limiter l’usage de plastique à usage unique, elle veut multiplier les fontaines à eau.

Cette dernière proposition est partagée par David Belliard, militant écologiste qui veut, plus précisément, les doubler (elles sont aujourd’hui au nombre d’un millier) et en plus, équiper les espaces publics de distributeurs de gourdes réutilisables en plastique d’algue à bas prix pour permettre à tous de se désaltérer. Pour lui, le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. On pourrait rapprocher sa vision de la propreté de la ville à une approche culturelle du déchet : il veut sensibiliser et faire connaître le prix de la collecte. 

Et enfin, pour Anne Hidalgo qui veut viser le zéro plastique à usage unique d’ici 2024, il s’agira de mobiliser les commerçants et les habitants à l’échelle de la rue où des poubelles de tri sélectif seront présentes dans chaque rue et y compris du biodéchet grâce à des collectes. Proposition originale, la maire sortante souhaite également composter les 100 000 couches utilisées quotidiennement dans les crèches municipales.

Crédit photo de couverture ©Hans Braxmeier via Pixabay