Alors que seulement 1% des budgets municipaux est accordĂ© Ă  la crĂ©ation de nouveaux espaces verts, 8 français sur 10 estiment vouloir vivre prĂšs d’un espace vert. Toujours selon Le journal des maires, 6 français sur 10 estiment qu’en ville, se prĂ©occuper des espaces verts devrait relever des prioritĂ©s des mairies. Le sujet n’est d’ailleurs plus rĂ©servĂ© uniquement aux partis Ă©cologistes : Ă  gauche, Ă  droite comme au centre, on Ă©voque les problĂ©matiques de la nature en ville, Ă  croire parfois que l’on voudrait implanter des campagnes en villes. À Paris par exemple, la “vĂ©gĂ©talisation massive” est un des piliers de la campagne d’Anne Hidalgo, la maire sortante qui propose de planter 170 000 arbres dans la capitale. Pendant ce temps-lĂ , la ville d’Angers dont les parcs publics se comptent sur les doigts de plusieurs mains, remporte des bons points en Ă©tant Ă©lue “ville la plus verte de France”.

Pour enclencher une vĂ©ritable transition Ă©cologique, favoriser une biodiversitĂ©, limiter les Ă©missions de gaz Ă  effet de serre, impacter positivement la santĂ© des habitants ou rĂ©duire les Ăźlots de chaleur urbains
 La nature en ville semble nĂ©cessaire et fait l’objet de bien des programmes pour ces municipales 2020. Si elle est un bien vaste sujet, doit-elle ĂȘtre la prioritĂ© des maires une fois Ă©lus ? La question des villes vĂ©gĂ©talisĂ©es, ne doit pas ĂȘtre laissĂ©e pour contre. À Toulouse, les candidats surenchĂ©rissent sur le nombre d’arbres Ă  planter…

Coup de projecteur sur…

ANGERS

Christophe BĂ©chu, maire sortant d’Angers, anciennement RĂ©publicain aujourd’hui ralliĂ© Ă  la cause de La RĂ©publique en Marche et prĂ©sumĂ© vainqueur des Ă©lections municipales de 2020, n’a pas hĂ©sitĂ© Ă  intĂ©grer Ă  sa liste l’ancienne sĂ©natrice Ă©cologiste Corinne Bouchoux, faisant ainsi de l’écologie une ligne directrice, un “fil vert” Ă  chacune des lignes de son programme.  

Jardin des plantes d’Angers – CrĂ©dit photo ©Mith via WikipĂ©dia

En 2014, Christophe BĂ©chu a voulu rĂ©habiliter la nature au coeur de la ville d’Angers et a tentĂ© d’y parvenir tout au long de son mandat, efforts rĂ©compensĂ©s par un troisiĂšme titre de ville verte dĂ©cernĂ© par l’observatoire des villes vertes. À Angers, 150 000 arbres quadrillent la ville et 43 parcs se dispersent dans les quartiers. 

Face Ă  Christophe BĂ©chu, un candidat du Rassemblement National et quatre candidats de gauche qui, de la lutte ouvriĂšre Ă  la France Insoumise en passant par une liste divers gauche et Europe Ecologie les verts, ont aussi annoncĂ© leurs candidatures. 

TOULOUSE 

Pour prendre les rĂȘnes du Capitole toulousain, il existe un point commun entre tous les programmes des candidats aux municipales: il semble falloir “reverdir la ville rose”. 

À Toulouse, il vaut mieux bien Ă©tudier les programmes des campagnes aux municipales, car depuis bien longtemps, le maire de la ville est aussi le PrĂ©sident de la MĂ©tropole. 

Toulouse nature

CrĂ©dit photo ©Việt Anh Nguyễn via Pixabay

Toulouse et ses 500 000 habitants intra-muros, compte un million et 300 000 habitants Ă  l’échelle de son agglomĂ©ration. Alors au milieu d’une aire densifiĂ©e et urbanisĂ©e, quelle place laisse-t-on Ă  la nature en ville ? Du candidat d’Europe Ecologie les Verts Ă  celui du Rassemblement National, tous semblent unanimes sur la question de la nature en ville. 

Pour Pierre Cohen, du parti divers gauche, on condamne l’urbanisation en se fixant la rĂšgle “zĂ©ro artificialisation des sols”. Chaque projet de construction sera Ă©tudiĂ© et restituĂ© s’il empiĂšte sur des espaces naturel. En outre, chaque nouveau projet d’amĂ©nagement devra inclure 30 % de surface vĂ©gĂ©tale en pleine terre. De quoi clouer le bec aux promoteurs immobiliers…

Jean-Luc Moudenc, le maire sortant LR soutenu par LREM, fait le bilan de son mandat:  18.300 ont Ă©tĂ© arbres plantĂ©s et les espaces verts ont augmentĂ© de 10 %. Les efforts dont on se congratule doivent ĂȘtre poursuivis pour planter encore 100.000 arbres s’il est Ă©lu. En termes de nouveautĂ©, le candidat Ă  la mairie dit vouloir expĂ©rimenter la mise en place de toits vĂ©gĂ©talisĂ©s sur les abribus.

Au parti socialiste, Nadia Pellefigue s’approprie quant Ă  elle la vĂ©gĂ©talisation des murs antibruit de la rocade. Elle veut aussi crĂ©er des forĂȘts urbaines sur les espaces vacants comme les ronds-points et, nouveautĂ©, crĂ©er un « permis de vĂ©gĂ©taliser » les espaces publics, pour les particuliers. L’objectif global est la rĂ©duction du gaz Ă  effet de serre de 50%. 

Les chiffres, ce n’est pas pour Antoine Maurice (EELV), qui se refuse Ă  s’y inscrire en surenchĂšre. Face “aux projets gadget et d’écoblanchiment”, la tĂȘte de liste du parti Ă©cologiste veut faire de la transition un “projet global” qui ne serait pas une “accumulation de petites actions. 

Quentin Lamotte, le candidat du RN et Franck Biasotto, le candidat MoDem ont dĂ©fini tout deux des espaces prĂ©cis Ă  reverdir Ă  Toulouse : les voies SNCF entre Camille-Pujol et Matabiau, soit 3 hectares Ă  verdir pour le RN ; la citĂ© administrative Ă  transformer en forĂȘt urbaine pour le MoDem. 

DINARD 

Cap sur la petite ville de Dinard. Si sa population moyenne est de 10 000 habitants, la si typique et non moins touristique ville bretonne de la cĂŽte d’émeraude est bien prĂ©occupĂ©e, elle aussi, par ses espaces verts. Pour une ville oĂč 45% des logements sont des rĂ©sidences secondaires, un des enjeux pour les municipales et de pĂ©renniser l’habitat Ă  l’annĂ©e et pour cela : il faut construire
 La nature en ville fait alors face Ă  de toutes autres questions.

Dinard nature

Crédit photo ©Jean-Louis VandevivÚre via Flickr

À Dinard, plus de 1000 immeubles sont actuellement en construction pour rĂ©pondre Ă  la demande touristique qui ne cesse de croĂźtre, lĂ  oĂč parallĂšlement en fonction des annĂ©es, le nombre d’habitants stagne voire dĂ©croĂźt
 

Les candidats Ă  la mairie de Dinard sont face Ă  enjeu de taille.  Pour la majeure partie d’entre eux : il faut privilĂ©gier l’habitat en coeur de ville et les espaces verts dĂ©jĂ  existants, mettre en place un urbanisme maĂźtrisĂ©, mettre un terme au bĂ©tonnage de la cĂŽte, crĂ©er des bails solidaires pour permettre aux familles de s’installer en centre ville et non Ă  l’extĂ©rieur
 PrivilĂ©gier la nature et le cadre unique que propose cette ville de bord de mer passe donc par un premier pied-de-nez aux projets de construction outranciers. 

Crédit photo de couverture ©JacLou DL via Pixabay