Nous avons échangé avec Cécile Gruber, directrice des transitions et de la communication, et Justine Bichon, chargée de mission transition écologique et cheffe de projet sur AdaptaVille, dans le but de saisir les enjeux de cette démarche et l’intérêt d’une telle boîte à outils.


Dans quel domaine l’Agence Parisienne du Climat intervient-elle ? Quelles-sont ses principales missions ?

Cécile Gruber : L’Agence Parisienne du Climat existe depuis 10 ans. Créée à l’initiative de la Ville de Paris, cette structure vise à accompagner la mise en œuvre opérationnelle de son Plan climat à la fois sur le volet efficacité énergétique et sur l’adaptation au changement climatique. Nous avons déployé un axe de travail spécifique sur la question de la rénovation du bâtiment à Paris en particulier concernant les copropriétés, avec la mise en place du dispositif CoachCopro, pour accompagner les particuliers dans leurs projets de rénovation de leur immeuble et mobiliser les professionnels. Nous faisons aussi partie du réseau FAIRE, de l’ADEME, et concevons des outils d’identification des consommations énergétiques, dans le but d’identifier les problématiques existantes et de mettre en place diverses actions concrètes. En complément de ce travail sur le volet “bâtiment”, nous accompagnons les parisiens et les parisiennes dans la réduction de leur empreinte carbone à travers des sujets tels que réduction des déchets, la mobilité durable ou encore la consommation responsable.

Auprès de nos adhérents et des décideurs, nous travaillons  sur le décryptage des politiques publiques locales. Parmi nos partenaires, nous retrouvons évidemment la Ville de Paris, mais aussi la Métropole du Grand Paris. Nous sommes entourés de deux énergéticiens que sont EDF et la Compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU), et de Météo-France qui nous donne accès à des données climatiques nous permettant de nous tenir au courant des évolutions du climat. Nous apportons ponctuellement notre contribution sur plusieurs dossiers, comme par exemple pour les travaux de conception du PLU bioclimatique de Paris.


Comment abordez-vous la question de l’adaptation ? Et quel est l’enjeu pour la ville de Paris ?

Notre partenariat avec Météo-France nous permet d’avoir des données qui nous aident à comprendre l’évolution du climat à l’échelle locale. À Paris, nous avons la chance d’avoir une des plus vieilles stations météo dans le parc de Montsouris, qui nous renseigne sur les évolutions climatiques depuis la fin du 20ème siècle. Paris subit déjà les effets du changement climatique : la température a ainsi augmenté de plus de 2°C depuis 1885. De plus, avec un phénomène d’augmentation des températures depuis 1994, les saisons estivales sont toutes au-dessus de la normale, avec des anomalies de températures plus fréquentes et intenses. Ainsi, cinq des étés les plus chauds sont compris entre 2005 et 2020. Les effets du réchauffement climatique sont donc de plus en plus concrets. En 2016, nous avons constaté des phénomènes d’inondations liés à des épisodes de fortes précipitations.

Mais les effets du changement climatique seront de plus en plus prégnants avec les années. Le diagnostic des vulnérabilités et robustesses du territoire parisien face au changement climatique, qui a été actualisé en septembre 2021 par la Ville en fonction des données et scénarios les plus récents, nous confirme que grâce à sa situation géographique qui l’éloigne des aléas de submersions marines, la capitale est une ville plutôt « robuste » par rapport à d’autres métropoles. Cependant, elle est très sensible aux canicules et aux épisodes de fortes précipitations, étant particulièrement urbanisée et dense.

Les derniers rapports du GIEC avancent une augmentation de la fréquence de ces épisodes pluvieux plus intenses, contenant beaucoup de pluies en peu de temps. Or, sur les territoires fortement urbanisés, nous ne sommes souvent pas capables d’absorber autant de pluies, car les réseaux saturent rapidement. Or, si les stations d’épurations peuvent saturent, les eaux usées du tout à l’égout sont rejetées dans la Seine pour éviter des débordements, et cela aboutit à des problématiques de pollution. L’objectif est d’atteindre 40% du territoire désimperméabilisé d’ici 2040 et  d’infiltrer l’eau à la parcelle, directement dans les sols, dans l’ensemble des projets urbains à venir.


Comment est née l’idée de la plateforme AdaptaVille ?

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