Mais concrètement, comment le BSG peut avoir un impact sur la manière de concevoir la ville ? Sommes-nous en train de nous diriger vers des villes plus inclusives, plus équitables entre les femmes et les hommes ?
Le budget sensible au genre : une nouvelle approche de conception de la ville
Quand on aborde le sujet des inégalités entre femmes et hommes, on pense généralement aux différences salariales, à la trop faible représentation féminine dans la sphère politique, publique et économique, ou encore à l’accès à l’éducation qui reste plus difficile pour les femmes que pour les hommes dans certains pays. Cependant, un dernier champ semble encore en retrait de cette dynamique en France : celui du budget.
En 2021, la ville de Lyon a annoncé le développement d’une démarche de Budget Sensible au Genre (BSG) pour l’élaboration de son budget 2022. Le BSG est une notion qui fait de plus en plus parler d’elle dans les médias, mais alors concrètement de quoi s’agit-il ? “La budgétisation sensible au genre consiste à appliquer l’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes au volet financier des politiques publiques. Intégrer une démarche de budgétisation sensible au genre conduit à se demander si la collecte (impôts, taxes, paiement du service etc.) et la distribution des ressources financières (subventions aux associations, investissements dans des équipements, fonctionnement des services etc.) renforcent ou diminuent les inégalités entre les sexes. Au regard des résultats, il s’agit alors de proposer des ajustements et des modifications budgétaires pour mieux garantir l’égalité.” Le BSG vise alors à intégrer la perspective de genre dans tout le cycle budgétaire pour analyser l’impact différencié des dépenses et des recettes dans les budgets publics réalisés pour les femmes et pour les hommes.
Cette approche a été introduite pour la première fois en France par le Conseil de l’Europe en 2005. Dans de nombreux autres pays, l’application d’un budget genré a déjà été initiée depuis plusieurs années. C’est en Australie, en 1984 que le premier BSG au monde est mis en place. À partir de 1989, le Royaume-Uni prend le relais avec le Women’s Budget Group (WBG) qui étudie l’impact des impôts et transferts budgétaires sur l’égalité entre les sexes. Au Canada, la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté est à l’origine en 1993 d’une initiative visant l’intégration d’une perspective de genre dans le domaine budgétaire. Il faudra attendre 1995 et la quatrième conférence mondiale sur les femmes des Nations-Unies à Pékin pour que l’intégration de la dimension de genre dans le processus budgétaire fasse l’objet d’une reconnaissance internationale. Aujourd’hui, plus de 100 pays ont adopté, à des degrés divers, un budget selon le genre. Une enquête a été menée par l’OCDE en 2016, montrant que près de la moitié des pays de l’OCDE ont introduit le BSG. En Autriche, il en est même devenu une obligation constitutionnelle, à tous les niveaux, du gouvernement aux collectivités locales en passant par les Länder, et ce depuis 2008.
© Makus Winkler sur Unsplash
En quoi le BSG permet-il de répondre à ces inégalités ?
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