Face à la frustration, diverses pratiques informelles, voire illégales, se développent. Aussi, les pratiques se transforment et s’adaptent pour préserver l’activité urbaine. Même si le confinement a pris la relève, quelles ont été les conséquences et à quoi pourraient-elles ressembler à long terme ? 

Une longue histoire de couvre-feu

À l’origine, le terme de couvre-feu était littéralement utilisé pour couvrir un feu. En effet, pendant l’époque du Moyen-âge, les habitantes et habitants de villages étaient avertis par les sons de cloches des églises de l’arrivée de la nuit et de la nécessité de couvrir leur feu afin de limiter la propagation d’incendies au sein des maisons faites de bois. L’expression a ensuite évolué pour avoir le sens que nous connaissons aujourd’hui.

Entre le Moyen-âge et l’année 2020, des périodes de couvre-feu ont fortement marqué l’histoire de la France et la vie de ses citadines et citadins. Intervenant dans des climats extrêmement anxiogènes, ces situations se sont succédées jusqu’à récemment, impliquant une exclusion de certaines populations et une application partielle sur des territoires définis. Celle de la seconde guerre mondiale et de l’occupation allemande pendant laquelle les mesures restrictives se sont concentrées sur les juifs en 1942. Celle de la guerre d’Algérie également, pendant laquelle un couvre-feu est établi à Paris en 1962, aux seuls “français musulmans d’Algérie”. Celle durant les émeutes des banlieues françaises de 2005, en réaction à la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, menant à l’instauration d’un couvre-feu dans 21 communes françaises. Tout comme les mesures gouvernementales prises en 2015 suite aux attentats du 13 novembre, le couvre-feu ne concernait, dans certaines communes, que les personnes mineures.

C’est donc la première fois, qu’en France, cette mesure est instaurée à l’échelle nationale, dans un contexte de crise sanitaire et à destination de toutes les catégories de la population, pour une raison dépassant celle de l’ordre public au sens sécuritaire. Pour autant, la pratique conserve un caractère naturellement négatif, lié à ses précédentes applications, notamment discriminatoires, dans l’histoire du pays. Mais alors, outre un passé dérangeant, quels sont les liens entre la ville et le couvre-feu ? Et comment continuer à activer nos espaces urbains malgré cette période inédite ?

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