Notre quotidien actuel de confinés peut être l’occasion de (re)considérer l’importance des rues dans nos vies.

J’envisage les rues comme des espaces publics majeurs, prolongement presque directs de nos habitations. Ces rues, qui accompagnent grand nombre de nos déplacements, sont les témoins privilégiés de portions de vies.

On s’y perd, on s’y retrouve, on s’y engueule, on s’y ennuie, on s’y bouscule, on s’y rencontre… En résumé, on y vit ! Les usages y sont aussi divers et multiples que leurs usagers. Il y a les rues qui nous emmènent au marché ou à la boulangerie du quartier, celles qui raccourcissent nos trajets pour rejoindre l’arrêt de bus le plus proche, ou au contraire, celles qui nous incitent à ralentir, pour le simple plaisir de la promenade. Il y a aussi celles où l’on croise toujours cette vieille femme en bas de l’immeuble, puis celles qui s’animent, quelque soit l’heure ou le temps qu’il fait. Ou encore, celles qui s’embellissent soudainement de fleurs au doux parfum dans les arbres à l’approche des beaux jours. A force d’arpentage quotidien, nous apprenons à en connaître les principales caractéristiques.

Les rues sont avant tout faites de sons, d’odeurs et de matières : elles éveillent et développent nos sens. Elles alimentent notre imaginaire. Nous gardons alors en mémoire des souvenirs, prêts à refaire surface au moment propice. En effet, qui n’a pas déjà vu resurgir une multitude de détails en foulant à nouveau, et pour la première fois depuis longtemps, un territoire jadis si familier ? Ou qui n’a pas fait l’expérience étrange mais agréable, de découvrir un lieu jusqu’ici inconnu, où l’on se sent pourtant spontanément chez soi ?

En ces temps de confinement, prenons conscience de l’importance de nos rues. Prenons-en soin. Ne les laissons plus à l’usage souvent majoritaire, parfois unique, de la voiture. Amis piétons, où que vous soyez, que vos rues soient des chemins, des ruelles, des impasses ou des boulevards : revendiquez-les ! Appropriez-vous ces espaces ! Respectez-les ! Valorisez-les ! Usez du bon sens et de la bienveillance pour les partager avec les marcheurs, cyclistes et autres usagers de mobilités douces !

Au final, je suis sûre que chacun de nous saura apprécier à sa juste valeur, la joie certaine de parcourir les rues et de les investir à nouveau librement.