Alors qu’aux États-Unis, les salariés sont revenus progressivement au présentiel, le modèle du télétravail s’est consolidé en France. Près de 30% des salariés français adoptent désormais cette pratique, comparé à seulement 4% avant la crise sanitaire. Une étude de la DARE, relevant du Ministère du Travail, révèle que 4 070 accords d’entreprise ont été conclus en 2021, établissant une moyenne de 2 jours de télétravail par semaine. Cette évolution, combinée aux pratiques du flex office (espace de travail flexible) et du no paper (gestion sans papier), a entraîné une désertification des bureaux, particulièrement en région Île-de-France. Avec moins de salariés présents sur place, les entreprises sont en effet moins gourmandes en surfaces et en libèrent peu à peu, en ne renouvelant pas leurs baux ou en déménageant dans des locaux plus petits. C’est ainsi que l’offre de bureaux inoccupés a explosé en Île-de-France, avec une augmentation de 60% entre 2019 et fin 2022. Dans ce contexte, leur réemploi en logements apparaît comme une solution évidente et pleine de promesses, face aux besoins résidentiels franciliens considérables, mêlés à une volonté de limiter l’artificialisation des sols. Pourtant, le nombre de reconversions reste modeste, entravé par des freins de diverse nature. Focus sur le potentiel et la complexité du réemploi des bureaux vacants.

Un mouvement de reconversion encore timide 

En France, le secteur de l’immobilier prend progressivement conscience du potentiel de métamorphose que représentent les anciens espaces de bureaux. Néanmoins, entre 2013 et 2021, seulement 1 900 logements « reconvertis » étaient autorisés chaque année en Île-de-France, dont deux tiers à Paris, surtout en petite couronne. Le prix élevé au mètre carré rend ces opérations légèrement moins coûteuses qu’ailleurs. Mais aujourd’hui, les études de reconversion se multiplient. En mars 2023, Bouygues Immobilier a notamment fait part de la création de sa nouvelle offre dédiée à la reconversion, CoversoNovaxia Investissement, société de gestion d’actifs immobiliers, a quant à elle introduit en 2021 un fonds dédié à l’immobilier résidentiel, commercialisé par cinq assureurs majeurs, dont AG2R-La Mondiale, Generali, Suravenir et Spirica. Le succès d’une collecte de 85 millions d’euros en cinq mois a permis à Novaxia d’acquérir des immeubles de bureaux dans six villes, dont Paris, Saint-Ouen, Champigny-sur-Marne et Nanterre, pour les convertir en environ mille logements.

Des projets concrets de cette transformation sont en cours de réalisation à travers la métropole parisienne. D’anciens locaux, tels que le précédent siège de Burberry sur le boulevard Malesherbes, au cœur du quartier d’affaires, sont en cours de reconversion en logements familiaux. Le boulevard Barbès accueillera également des résidents dans l’immeuble qui fut autrefois le siège emblématique de Tati, tandis que d’autres trouveront bientôt domicile dans l’ancien siège de l’AP-HP, offrant une vue imprenable sur la Seine. À travers ces initiatives, Paris s’engage activement à revaloriser mètre carré par mètre carré d’espaces de bureaux vacants ou obsolètes en logements fonctionnels.

© Mark Ko via Unsplash

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Transformer des bureaux en logements : un enjeu complexe

Le réemploi de bureaux en logements se heurte pourtant à divers défis. “Une partie des bureaux n’est pas transformable pour des raisons techniques ou financières, indique Norbert Fanchon, président du groupe GambettaCertains immeubles sont trop larges : qui accepterait des piècesLire la suite.