Le concept trouve ses antécédents dans la Conférence internationale de Psychologie de l’Espace Construit, en 1976, à Strasbourg, intitulée L’Appropriation de l’Espace, dont les présentations traitent des liens entre l’espace et leurs effets sur la personne et l’identité (Pol, 1993, 2007). Perla Korosek-Serfaty (1976) y introduit le sujet en psychologie, avec entre autres les apports et réflexions de Lefèvre (1968).
La théorie de l’identité de lieu révèle entres autres comment l’identité à part entière de l’être est aussi étroitement liée aux lieux et aux relations et liens symboliques que l’être humain a avec ces lieux. Autrement dit, comment nos idées conscientes et inconscientes, nos mémoires, nos représentations, nos ressentis associés, nos interprétations symboliques des lieux, l’ensemble des « cognitions » relatives à un lieu contribue à la construction de notre identité.
Mais au-delà de la psychologie sociale et environnementale, ces théories autour des liens symboliques et psychologiques que l’être-humain a avec les lieux sont aussi particulièrement pertinentes et importantes en urbanisme dans le cadre de la construction de nos villes durables.
En effet, dans les années 90, un groupe de chercheurs de l’Université de Barcelone (UB), en partenariat avec différentes équipes universitaires, mène des enquêtes dans 11 lieux – villes et quartiers de villes de six pays d’Amérique Latine et d’Europe sur les éléments et liens qui pourraient contribuer au développement durable et viable des villes. Le projet CIS (Ciudad Identidad Sostenibilidad – Ville Identité Durabilité écologique) dont le journal Environment and Behavior lui dédie un numéro spécial en 2002, utilise comme catégorie fondamentale l’identité sociale urbaine (identité sociale urbaine, Valera, 1993, Valera et Pol, 1994), qui inclue, à travers différents processus sociaux et psychologiques (Pol, 2002), cohésion sociale, identification et satisfaction. Les chercheurs montrent entre autres qu’un réseau solide et construit d’interactions sociales, de soutien mutuel informel (Wiesenfeld, 2003) et d’identification sont nécessaires pour le développement durable. L’information sur les thématiques et problématiques écologiques, la sensibilisation, l’éducation environnementale, nécessaires, ne sont pas suffisantes. Ainsi, un travail sur l’identification aux lieux et le renforcement du tissu social, à travers notamment les processus d’appropriation (Vidal et Pol, 2005 ; Vidal et al., 2013) contribue à la durabilité écologique des espaces urbains.
En plus de contextes socio-politiques et économiques adaptés, des études et projets sur la cohésion sociale dans les villes, comment la favoriser, l’améliorer, la renforcer, sur les liens symboliques, l’appropriation et l’identification que l’on a avec les villes, les quartiers et les lieux sont fondamentaux pour les projets de villes durables.
Marianne Wehbe
Sustainable Development – Participatory Urban Planning – Social Inclusion
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