Insoumise

Pour faire son portrait, IZa Zaro voulait que nous nous rencontrions de préférence dans son atelier, ou au moins, dans un lieu qu’elle aime. C’était très important pour elle que je la vois dans un univers qui lui correspond. C’est donc dans son atelier parisien que je l’ai rencontrée au mois de mai. Elle m’a accueillie avec beaucoup de simplicité, me mettant tout de suite à l’aise. Elle prépare le déjeuner… Si IZa Zaro vous reçoit chez elle c’est forcement autour d’un bon repas car pour elle la cuisine est très importante.

Au cours de la conversation elle m’explique que pour elle peinture et cuisine sont très semblables : pour les d’eux tout est une histoire de mélanges subtiles et réussis. Elle se plaît beaucoup dans son atelier actuel parce qu’il est dans la même pièce que la cuisine. Ainsi, lorsqu’elle est entrain de peindre elle aime s’arrêter pour se mettre à cuisiner. Et là, derrière le bar qui lui sert de plan de travail, alors qu’elle coupe, pèle et assaisonne elle regarde sa toile en devenir, prend de la distance, imagine…

Mais commençons par le commencement de chaque portrait, son nom d’artiste c’est un mélange de tout ce qui fait IZa Zaro. IZa est le diminutif de son prénom (Isabelle) mais pas seulement. La casse dans laquelle on écrit son nom est très importante. IZa Zaro. Ces majuscules permettent de visualiser le surnom que lui donnait son cousin Zaza. Elle veut ainsi rendre hommage à cet homme qui a beaucoup compté pour elle et qui a toujours cru en son talent. Enfin, le troisième élément de son nom, Ro, qui est le nom de famille de son père.

Dès son plus jeune âge, elle est initiée au dessin par une mère artiste, passant de longues heures dans son atelier. Curieuse et avide d’apprendre, elle fait l’Ecole d’Art Graphique Corvisart, puis l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Appliqués et Métiers d’Arts Oliviers de Serres avant de partir au Sénégal pour apprendre la technique du Batik africain. De retour en France elle s’initie également à la technique de l’image gravée sur bois et eau forte avec le graveur Alain Cazalis, mais elle ne vit pas encore son art à temps plein. Elle travaillera quelques années dans la pub avant de prendre conscience en 1999 qu’elle veut être artiste-peintre et découvre l’univers du street art en intégrant le pochoir dans sa technique suite à sa rencontre avec le pochoiriste Mosko & associés.

C’est sa rencontre avec Gregos en 2009 qui va vraiment la « lancer » dans la rue. Avec lui elle découvre le plaisir de communiquer avec les gens alors qu’elle est entrain de réaliser une oeuvre. Depuis elle n’a jamais arrêté. Mais ses interventions urbaines doivent toujours avoir un sens.

En effet, elle est une artiste avec deux modes d’expression. Il y a d’une part ses créations sur toiles, en atelier avec lesquelles elle est dans quelque chose d’esthétique. Elle expérimente, joue avec les couleurs et les superpositions de couches ou les collages. Pendant notre entretien elle m’apprend à « regarder » ses oeuvres, m’amenant à voir des détails qui m’avaient échappés. On ne connaît jamais complètement ses toiles. A chaque nouvelle observation on découvre un petit quelque chose. J’aimais déjà beaucoup ses toiles avant cette rencontre pour leurs couleurs, pour les messages qu’IZa Zaro y met. Et là, avec mon oeil averti maintenant, j’admire encore plus le travail de cette artiste. Elle peint toujours des femmes belles, amoureuses et libres. C’est aussi qu’elle n’arrive à peindre que lorsqu’elle est heureuse et amoureuse. Ce qui explique la joie que diffuse ses toiles. Lorsqu’elle va mal, rien ne lui vient… dans ces moments-là elle se «retire» et attend que ça passe. Pour elle la création ne peut être synonyme que de bonheur.

Et puis IZa Zaro est féministe. Elle lutte pour la liberté des femmes, contre la violence des hommes (enfin de certains). J’ai beaucoup aimé sa définition du féminisme. Parce que ça n’est pas du tout une femme durcie dans ses principes d’égalité qui finit par faire de l’homme un adversaire. Pas du tout. IZa Zaro m’explique qu’elle est très « maternante » avec l’homme qu’elle aime. Ce qui choque les gens qui la connaissent car ils ne comprennent pas qu’une femme libre comme elle materne un homme. Mais elle explique que ça n’est pas du tout antinomique. Elle prend soin de « son homme » par choix. Ce n’est pas lui qui lui impose d’être à son service. Et surtout, bien qu’ayant fait ce choix (mais aussi parce que c’est comme ça qu’elle aime un homme) elle reste une femme libre et indépendante.

Je pense que c’est tout ça que l’on ressent devant ses tableaux. Des femmes amoureuses et libres. C’est surement pour tout ça que ses toiles me touchent beaucoup.

Son autre mode d’expression est donc le street art qu’elle vit dans son sens premier. Son travail dans la rue est une activité urbaine : à travers ses réalisations elle veut exprimer des opinions politiques auxquelles elle tient. Dans ce cas là elle ne signe jamais ses oeuvres car il importe peu pour elle que l’on sache que c’est elle qui est derrière l’oeuvre. Elle ne veut pas que son nom d’artiste parasite ce qui est alors bien plus important, le message.

Ses actions se font sous la forme de Photomatons : en 4 poses elle met en scène des situations. Ainsi elle s’est exprimée pour Femen, le mariage pour tous, Sidaction, Voltaire lis-moi (pour la liberté d’expression), les congés payés, Kennedy ou encore un hommage à Demy avec Peau d’âne. Elle signe seulement son action pour Actup car c’était à leur demande (un artiste pour Act Up).

Elle a également fait des collages lors d’un voyage en Azerbaïdjan. Un vrai challenge pour elle de coller dans un pays sous dictature.

Elle participe régulièrement à des actions collectives avec d’autres artistes tels que Gregos, Paella ou Ers. Dans ces cas là, elle est à nouveau dans une recherche esthétique et signe ses oeuvres de rue. C’est d’ailleurs ainsi que je l’ai découverte lors de l’événement RueStick en 2013.

Pour conclure ce portrait j’ai très envie de partager avec vous ces quelques mots de l’artiste Paella : «Il serait trop simple de dire qu’IZa Zaro est dans une quête de la vérité symbolisée par la représentation de la nudité. L’exercice récurrent du nu dans sa palette artistique se traduirait plutôt par la matérialisation d’une idée de la femme intégrale, assumant son corps et le désir de l’autre, revendiquant le droit d’agir en toute liberté, affranchie de toute pression sociale et religieuse conventionnelles en vertu de son identité sexuelle. Qu’on ne s’y trompe pas, IZa Zaro vit le féminisme sans préceptes, comme elle vit la peinture (ou même la cuisine). Elle affichera spontanément sur la toile ou sur le mur les images et les mots qui ont touché son cœur, avec pour seule exigence celle de le formuler en beauté. Pour cela elle n’hésite pas à exhiber son goût pour une luxuriance colorée et à recourir à un savoir-faire acquis à l’occasion de multiples formations techniques – gravure, batik, sellerie – qui enrichissent son vocabulaire pictural d’autant d’outils comme l’estampage, le pochoir, la photo, l’inclusion textile.»

 

Pour en savoir plus sur IZa Zaro n’hésitez pas à consulter son site : https://www.artmajeur.com/fr/art-gallery/iza-zaro/65489

Collaboration IZa Zaro: Paella:ShadeeK

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Peau D'âne Hommage à Jacques Demy Crédit photo stephane Thevenon

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