Le sol fonctionnel, à l’image de l’artisanat local
Avant toute chose, revêtir le sol d’un matériau supplémentaire a toujours eu une fonction pratique. Même dans les villes les plus anciennes. C’est à dire qu’un revêtement maîtrisé, plus stable et adapté permet d’y faciliter le déplacement de véhicules, même les plus légers. Il permet aussi de faciliter celui des piétons sur un sol qui peut parfois se trouver très délicat à pratiquer. Une terre rapidement boueuse par exemple ralentit fortement tous les types de déplacements. L’idée n’était donc historiquement pas d’apporter un aspect esthétique à cette surface mais au contraire une fonctionnalité améliorée pour des déplacements facilités.
Qu’il s’agisse donc de terre battue, de dalles pavées ou bien parfois de revêtements plus novateurs à l’époque, comme la chaux par exemple, les matériaux utilisés étaient principalement issus de sources naturelles locales avant d’être transformés sur place, selon des méthodes alors artisanales et emblématiques du territoire. Les pavés ont par exemple remplacé au Moyen-Âge les chaussées en terre battue qui se dégradaient très rapidement avec un passage de plus en plus conséquent des citadins. Pavés en bois, en granit, en grès ou autre, chaque région développait sa façon de faire. Le revêtement de sol utilisé ne nécessitait alors pas de technologie extrêmement poussée quant à sa fabrication, si ce n’est concernant leur découpe. Des connaissances artisanales pouvaient en revanche être nécessaires, par exemple pour savoir installer les pavés selon certains motifs plus délicats à représenter.
Si le matériau utilisé était donc issu de sources locales et était installé de manière artisanale, le revêtement de sol ainsi créé représentait un savoir-faire et une identité territoriale bien particulière, qui s’est construit au fil des siècles jusqu’à aujourd’hui. À Sofia par exemple, en Bulgarie, ses fameux pavés jaunes en céramique permettent à la capitale bulgare de se démarquer d’autres centres-villes grâce à un revêtement de sol particulièrement identifiable. À la manière des matériaux utilisés pour l’architecture, les territoires urbains se sont donc construit une identité à travers leurs usages propres de matériaux, ainsi que de techniques faisant référence à une certaine identité locale.
Des usages et des mobilités qui évoluent, mais une identité qui s’efface
Malgré les évolutions qu’ont connu les sols de nos villes, les pouvoirs publics se rendent aujourd’hui compte que certains de ces revêtements de sol ne sont plus adaptés aux enjeux contemporains pour une construction durable de la ville. L’apparition explosive de l’usage de l’automobile, ou de véhicules plus lourds encore, a en effet entraîné le développement de revêtements encore plus solides, encore plus fonctionnels, encore plus semblables sur les chaussées du monde entier. L’enrobé bitumineux notamment, s’est étendu sur une quasi-totalité des routes françaises et sur une large surface du globe pour pouvoir encaisser le passage quotidien des véhicules. Lisse, il permettait également de réduire le bruit alors caractéristique des pavés et ainsi de favoriser le passage automobile en ville…
Les pavés étant également peu confortables pour les piétons ou les cyclistes, ils ont souvent été recouverts ou remplacés par une couche lisse d’un asphalte d’un gris sombre afin de favoriser l’accessibilité de tous dans les espaces publics.
Pour lire la suite de l’article, cliquez ici !