Rencontre avec David Miet, cofondateur de Villes Vivantes, une agence d’urbanisme qui a misé sur l’intelligence architecturale et collective, et qui travaille depuis une dizaine d’années sur ces questions d’artificialisation, de densité et d’habitat.


En pleine période de crise du logement, d’augmentation des prix de l’immobilier dans de nombreux secteurs tendus, d’urbanisation forte et rapide de certaines villes, comment appréhender la future mise en œuvre de l’objectif ZAN ? Est-t-il possible de combiner, au sein d’une même démarche, des solutions pour lutter contre le dérèglement climatique, la crise sociale et les inégalités territoriales ?

“Aujourd’hui, nous sommes dans une situation de crise, climatique, économique et sociale, qui engendre un véritable devoir d’agir. De nombreux territoires, et par conséquent, de nombreuses personnes, souffrent du manque de fonciers constructibles et de logements. Il s’agit de pénuries, généralisées, et touchant malheureusement des publics très divers, des étudiants aux personnes âgées en passant par de jeunes actifs. En même temps, ces dernières décennies ont été rythmées par le phénomène d’étalement urbain, consommant de vastes terrains non bâtis et impactant le climat, la qualité des sols ou encore de l’air. La démarche ZAN arrive donc à un moment particulier, incarnant à la fois une nécessité et une forme de gravité.

En réalité, différents scénarios peuvent être envisagés. Elle peut empirer la situation actuelle, renforcer la crise du logement que beaucoup de communes connaissent de nos jours, notamment dans les grandes métropoles, mais aussi dans les villes moyennes, rurales et balnéaires qui ont connu un nouveau souffle et regain d’intérêt après la période covid-19. Ou bien, elle peut permettre de (re)créer une abondance de fonciers disponibles, par la densification de tissus d’ores et déjà bâtis, et, de fait, non plus en extension urbaine mais bien en renouvellement urbain.

D’ailleurs, historiquement, l’abondance de fonciers constructibles en renouvellement urbain représente plutôt le cas général, et la pénurie des possibilités de construire dans les tissus bâtis, l’exception. Par nature, la ville évolue sur elle-même. Elle se densifie et se renouvelle sur un foncier déjà bâti, et ce, depuis la naissance des premiers villages au sein desquels les maisons s’ajoutaient, progressivement, les unes aux autres. Ce n’est qu’à partir du 20e siècle, en plein essor économique, le développement de l’automobile et d’infrastructures de transport, entre autres, que l’étalement urbain est venu transformer nos paysages et modifier leur croissance organique.”

Comment revenir à ce modèle de croissance organique de nos villes ?

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