Le constat initial, qui a permis d’imaginer le projet, est qu’un volume colossal de terres est excavé de l’ensemble des projets la région sans ensuite être réutilisé à des fins utiles de constructions, ou même à des fins artistiques. Chaque année, ces terres « inertes » issues des chantiers de la Métropole du Grand Paris représentent dix millions de mètres cubes, ce qui équivaut à quatre fois le volume de la pyramide de Khéops !
En plus d’intégrer une démarche de concertation, Antoine Grumbach s’est donc rapproché de la société ECT, qui gère plus de 60% des terres inertes du Grand Paris dans le but de trouver un moyen de revaloriser ce matériaux réexploitable.
L’idée est donc d’exploiter ces terres inutilisées pour les stocker dans neuf endroits spécifiques de la métropole, en particulier à la frontière entre les zones urbanisées et les zones davantage rurales. L’objectif de ces monticules artificiels serait alors de donner aux visiteurs un peu de hauteur sur le monde qui les entoure, entre ville et campagne.
Les neuf collines seraient donc situées tout autour de la capitale, précisément à :
1. Villeneuve-sous-Dammartin
2. Annet-sur-Marne
3. Champs-sur-Marne et Noisiel
4. Brie-Comte-Robert
5. Ris-Orangis
6. Forges-les-Bains
7. Elancourt
8. Triel-sur-Seine
9. Andilly
Des tables d’orientations, des abris, des kiosques et d’autres aménagements pourront être bâtis au sommet de chacun de ces belvédères afin qu’ils puissent tous conserver leur identité propre et le charme unique dont ils vont faire preuve. Ces œuvres d’art à grande échelle pourront ainsi permettre de réconcilier les visiteurs avec une région dont l’urbanisation ne cesse de prendre de l’ampleur.
Et déjà, Antoine Grumbach imagine un nouveau visage à la colline de Villeneuve-sous-Dammartin, le plus grand site européen de stockage des terres inertes, situé au Nord-Est de la capitale, juste derrière l’aéroport de Roissy et dans l’axe des pistes d’atterrissage et de décollage. Un nouveau visage, c’est n’est pas peu dire, dans la mesure où ce monticule d’une trentaine de mètre de haut sera pourvu d’yeux, grand ouverts et prêt à accueillir les passagers venus des airs. Deux grands yeux de 400 mètres chacun, l’envergure du projet est à l’échelle de la Métropole du Grand Paris.
« On peut imaginer une sorte de musée de plein air des architectures du paysage pour l’un et ou des lieux d’initiations à la géographie du ciel et des étoiles pour l’autre », envisage déjà l’architecte.
En tout cas, ce projet fou pour réaliser une série de belvédères semble être la promesse d’une interaction poétique entre urbain et rural. Les déblais ne sont plus des terres à oublier, mais bel et bien « un matériau pour des projets innovants ».