Lorsqu’on flâne dans les rues de Skopje, capitale de la Macédoine du Nord, on est tout de suite frappés par le nombre impressionnant de statues, et par des bâtiments à l’architecture fortement marquée, datant de la période Antique et au néoclassicisme. En seulement six ans, de 2010 à 2016, pas moins de 130 monuments et statues ont été installés dans le centre-ville, sur un espace de deux kilomètres carré.

Cette vaste opération d’aménagement, qui rend la visite de Skopje impressionnante, est intervenue à la suite du tremblement de terre de 1963 qui a détruit la ville à 80%. Elle s’est alors retrouvée totalement dépourvue de monuments historiques originels, et totalement reconstruite avec des architectures modernistes de la période soviétique. Le projet Skopje 2014 a alors visé à reconstruire les édifices disparus, en plus d’en créer de nouveaux.

Les choix opérés par la municipalité de l’époque sont alors particulièrement intéressants à étudier. En se focalisant sur la période antique et sur l’architecture néo-classique et néo-baroque, Skopje a cherché à se positionner comme une capitale européenne, et à effacer son image yougoslave — en plus de marginaliser les minorités ottomanes et musulmanes, très présentes dans le pays.

De nombreuses critiques ont alors été faites sur le coût pharaonique de l’opération par une grande partie de la population. Elles ont d’ailleurs été reprises par le gouvernement social-démocrate actuel, qui y voyait un ensemble de monuments « kitsch » pas forcément désiré par la population, et qui risquerait de défigurer la capitale.

Quoi qu’il en soit, on vous conseille fortement de visiter la capitale macédonienne, qui reste un exemple fascinant du pouvoir de l’architecture sur la construction de l’identité d’une ville.