Si l’on s’amuse à comparer les Tours de France actuels avec premiers parcours, moins de grandes villes françaises accueillent aujourd’hui le Tour. Dans ses premières années le parcours passait par presque toutes les plus grandes villes. Le premier parcours était très différent puisqu’il ne se composait que de 6 étapes entre Paris – Lyon – Marseille – Toulouse – Bordeaux – Nantes – Paris. Ainsi, pendant des années le tour commençait et terminait ses étapes dans nos villes, avant un tournant dans la deuxième moitié du 20ème siècle, où il s’est peu à peu délocalisé en campagne, réduisant ses passages urbains, si bien qu’aujourd’hui très peu de grandes villes accueillent le Tour. Alors que le vélo fait un retour en ville, pourquoi ne pas faire passer à nouveau nos cyclistes dans nos métropoles ?




Le premier parcours du Tour de France passait par plusieurs grandes villes françaises



Histoire d’un rendez-vous manqué



Si aujourd’hui le taux de cyclistes en France est inférieur à nos voisins d’Europe du Nord, comme l’Allemagne, le Danemark, les Pays-bas ou les pays scandinaves, cela n’a pas toujours été le cas. Au début du 20ème siècle, les français pratiquent autant le vélo que les autres pays européens. La France est d’ailleurs considérée comme l’un des berceaux du cyclisme et le Tour de france né en 1903 est la compétition phare des courses de vélo dans le monde. Mais que s’est-il passé pour que nos villes se soient pendant si longtemps désintéressées du vélo ?



On pourrait accuser la vision sportive et de loisirs qui a associé le vélo essentiellement à une pratique occasionnelle des balades dans la nature, comme si elle était incompatible avec une pratique urbaine quotidienne pour ses déplacements. Mais l’une des raisons principales qui a fait du vélo un mode de transport si peu courant en France, c’est surtout l’aménagement qui s’est adapté et transformé pour les véhicules à moteur dans nos villes, excluant de fait d’autres mobilités comme le vélo.



Ainsi, à partir des années 50, la motorisation des moyens de transport va conduire à une “élimination physique des cyclistes”, le commerce des deux roues motorisés va fortement cibler les cyclistes leur vendant un moyen de transport plus puissant et moins fatigant pour un coût réduit. D’ailleurs, entre 1954 et 1960, il y a une explosion des cyclomoteurs dont la France en était la première productrice !



Puis les véhicules à moteurs vont fortement modifier l’aspect des villes, l’avènement de l’ère des chaussées séparées, des trottoirs surélevés, des ronds-points vont faire des voies de circulation en ville des espaces inutilisables pour les cyclistes qui se retrouvent en confrontation avec des véhicules représentant un grand danger pour eux. C’est l’une des raisons pour laquelle le Tour de France va quitter la ville, devenant impraticable pour les cyclistes qui lors de leur passage en ville ont immanquablement des risques de chutes sévères.






Retour en ville



Pourtant le vélo est le moyen de déplacement idéal en ville, en effet les trajets en ville sont plus rapide en vélo. Le Bonbon a testé pour vous le temps nécessaire pour différents trajets à Paris en vélo et en voiture. Le résultat est sans appel, le vélo est toujours gagnant.



Quasi absent en 1990, le vélo comme mode de déplacement urbain connaît depuis une grande croissance dans tous les centres urbains des pays riches. Notamment par une sensibilité et des politiques plus écologiques qui ont commencé à limiter la voiture en centre-ville et à réduire leur vitesse. De plus, l’augmentation récente du prix des voitures (+23% pour le prix moyen d’une voiture neuve entre 2010 et 2017) et des carburants incite à repenser sa mobilité.



La question de la cohabitation avec la voiture en ville est importante. Si les centres urbains acceptent de moins en moins la voiture, dans le périurbain la cohabitation reste forte. Il faut que toutes les zones puissent profiter du vélo sans risquer de conflit avec la voiture. Ne pas seulement repenser la mobilité dans les centres où la pression des flux condamnent déjà les plus gros véhicules, mais la transformer en faveur d’un retour des mobilités actives dans l’ensemble des espaces urbains.



Car en aménageant la ville en faveur du vélo rend sa pratique plus sécurisée, ainsi même les plus jeunes pourront en profiter, or l’apprentissage du vélo est une étape importante qui permettra de former les futurs cyclistes à la bonne conduite sur les voies de circulation. Car rappelons le, personne ne passe de « permis vélo » et la pratique du vélo dans une ville mal aménagée pour les cyclistes contraint certains à des pratiques parfois dangereuses pour les piétons.



Peut être ainsi pourrons-nous un jour revoir dans les villes passer les caravanes du Tour et le peloton traverser des rues où le vélo aura retrouvé une place de choix ?