Sensible aux problématiques urbaines, puisque maire de la ville de Chamalières (63) pendant sept ans, Valéry Giscard d’Estaing a su, à sa manière, marquer nos villes. Créateur de l’institut français d’architecture, un centre de recherche mais aussi de formation et d’innovation, il défend particulièrement le rayonnement architectural de la France à l’étranger. Une architecture qu’il définit comme une recherche de proportion, d’insertion dans le paysage urbain et de continuité architecturale.

Pour le président, l’architecture se doit aussi d’être “durable”, à la fois par son ancrage dans la durée et son rôle de protection des environnements naturels en ville. Ainsi, dans une lettre à Jacques Chirac, son premier ministre, en 1976, Giscard d’Estaing évoque le vote d’une réforme de l’urbanisme pour la protection de la nature et pour lutter contre “l’enlaidissement de la France”. Son objectif est de ralentir l’étalement urbain et la construction de trop hautes tours d’habitation, mais aussi d’assurer la construction de logements dans de “bons environnements” urbains, afin de protéger le “cadre naturel et le bâti”. Elle vise également à renforcer le rôle des acteurs de la fabrique urbaine (urbanistes, architectes) et de l’art dans le domaine de la construction. Des ambitions qui doivent participer à forger une ville plus verte : Paris est alors en proie à la pollution des automobiles et on dénonce une urbanisation “industrielle” depuis déjà quelques années (Le Monde, septembre 1974). Dans son programme électoral, le président avait d’ailleurs déjà annoncé un plan sur dix ans pour “donner à chaque agglomération au moins 10 mètres carrés de parc ou jardin public par personne”. Une ambition qui s’est notamment traduite par le refus de la construction d’un centre commercial aux Halles, à la place duquel de grands espaces verts devaient être implantés (projet abandonné de BOFILL), ou encore par le rejet du projet de nouvelle voie rapide sur les quais de Seine,  rive gauche, à Paris. 


On retient ses grands travaux urbains, comme la construction de la cité des sciences de la Villette à Paris, espace culturel à l’architecture innovante (panneaux solaires, végétation, bassins d’eau), de la Défense, où il impulsera des premiers concours pour le projet tête Défense, repris par la suite par François Mitterrand, ou encore la gare d’Orsay, qui fut transformée en musée sous son mandat. Valéry Giscard d’Estaing aura donc transformé le paysage français, particulièrement Paris, par une vision innovante de la ville. A mi-chemin entre modernité et prise de conscience des limites de l’urbanisation excessive, son travail pour un urbanisme plus durable semble aujourd’hui assez avant-gardiste !

Photo de couverture : ©️ Open democracy sur Flickr