En France, ce sont entre 20 000 et 30 000 hectares qui sont artificialisés chaque année. On parle d’artificialisation pour “désigner la transformation d’un sol naturel, agricole ou forestier, par des opérations d’aménagement pouvant entraîner une imperméabilisation partielle ou totale, afin de les affecter notamment à des fonctions urbaines ou de transport (habitat, activités, commerces, infrastructures, équipements publics…)”, d’après le ministère de la Transition écologique. Une Zéro Artificialisation Nette implique donc d’investir dans des zones déjà urbanisées pour densifier, en exploitant des friches par exemple, ou alors de renaturer pour compenser des surfaces déjà construites. 

Cependant, ce projet ambitieux a provoqué des réactions houleuses, et notamment de la part de l’association des Maires de France, qui a déposé un recours devant le conseil d’Etat afin de le contester. Parmi les raisons invoquées, on retrouve notamment l’accentuation des fractures territoriales, l’aggravation de la crise du logement, et une remise en question du principe même d’étalement urbain. 

En effet, la ZAN pourrait aboutir à des négociations entre communes entre celles qui devront laisser de côté des projets et d’autres qui auront une marge importante, et les plus artificialisées seront avantagées car partiront d’un seuil déjà haut. Aussi, la crise du logement pourrait être grandement accentuée, car en vue de la croissance démographique à prévoir, il faudrait produire 12 à 15 millions de logements supplémentaires d’ici 2050, ce qui semble compromis avec une mise en vigueur stricte du ZAN. Enfin, la notion même d’artificiel et de naturel est plus complexe qu’il n’y paraît : un lotissement bien aménagé et végétalisé (artificiel)  a plus d’avantages qu’un terrain de golf (naturel) par exemple.

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