La résilience se définit comme la capacité d’adaptation d’un système à affronter au mieux des perturbations. Pour faire face à la crise climatique actuelle, de nombreuses collectivités font preuve d’innovation pour mettre ce concept en pratique, notamment en France comme on a pu le voir à travers le projet «Villes et territoires résilients», conduit par le Commissariat général du développement durable (CGDD). Mais pour approcher ce qu’est réellement l’urbanisme de crise, il faut se rendre au Burkina Faso, pays de l’Afrique de l’Ouest qui a largement investi le sujet.
Pour ce territoire on peut même parler de crise multidimensionnelle. En effet, il fait face, tout d’abord, à une crise sécuritaire avec pour conséquence plus de deux millions de déplacés internes, et à une crise du développement urbain territorialement déséquilibré. On peut également constater une crise de l’urbanité avec l’augmentation de quartiers non lotis. Ces derniers constituent une conséquence de la croissance rapide des villes africaines qui ne proposent pas suffisamment de logements pour l’ensemble de la population. Les familles les plus précaires sont donc contraintes à vivre en périphérie dans des quartiers dits “spontanés” ou “non lotis”. Malgré leur statut informel et leur invisibilité sur les documents d’urbanisme, ils abritent parfois la majorité de la population urbaine et matérialisent un nouveau type d’urbanité entre le rural et l’urbain. D’autre part, on remarque aussi une crise d’accès aux services urbains de base (voirie, eau potable, assainissement, sécurité…), une crise de l’accès aux services socio-collectifs (infrastructures d’éducation et de santé), une crise du logement, une crise du foncier et une crise économique.
Dans ce système en crise, des actions étonnantes de solidarité urbaine se sont révélées. Effectivement, les quartiers non lotis, très denses et précaires, tentent d’accueillir les déplacés internes. Toutefois, au-delà de ces mesures locales et des réponses humanitaires, il est important de trouver des solutions pérennes à cette crise en passant par un urbanisme transitoire. C’est pourquoi, le Projet de résilience des collectivités territoriales financé par l’Union Européenne, a élaboré un plan d’actions à court, moyen et long termes en aménageant des espaces transitoires ou temporaires dans l’attente d’un projet global.
Parmi les objectifs on peut citer, la restructuration de quartiers non lotis, l’aménagement de cités de logements urbains pour personnes en situation de vulnérabilité, la production de parcelles agricoles périurbaines, l’intensification de construction de salles de classes et de salles de soins, une meilleure viabilisation des quartiers urbains notamment en terme d’accès à l’eau potable et à l’électricité, un meilleure assainissement des villes, l’aménagement d’espaces publics ouverts (brassage interculturelle et intergénérationnel), un essor technologique en milieu urbain, une planification urbaine concertée et plus souple, un développement des villes dans toutes les régions du pays.
Ainsi, l’idée est de viser un développement urbain, social, économique et inclusif, promouvant la paix et la cohésion sociale.