Une longue lutte contre un projet urbain contesté

Depuis une trentaine d’années, comme de nombreuses capitales européennes, Berlin s’est lancé dans un vaste projet de constructions immobilières neuves pour dynamiser et rendre attractif son territoire. Au début des années 2000, parmi ces nombreux projets, la ville prévoit la réalisation de “Mediaspree”, un vaste programme de constructions de bureaux et sièges sociaux en bordure de la Spree (rivière berlinoise) pour ainsi absorber une partie de sa dette. Dans cette logique, la ville vend donc une large bande de 18 000 m², située le long de l’eau, où était alors situé le mythique Bar25, connu mondialement pour ses soirées technos. Ce projet immobilier, couplé par le déménagement du bar, provoquent alors une forte mobilisation des habitants du quartier qui débouche en 2008 à un référendum d’initiative citoyenne demandant la préservation d’une bande de 50 mètres autour de la Spree. Avec 87 % des votes favorables, les 10 000 citoyens votants choisissent de prendre en main le destin des terrains concernés.

Fabriqué par et pour les berlinois

En réaction à cette victoire citoyenne, de nombreux habitants se mobilisent. L’idée est de non seulement de proposer un espace libre d’accès à tous, mais également porteur d’activités économiques, culturelles et respectueux de l’environnement naturel de la Spree. Le projet d’aménagement est soutenu financièrement par le fond d’investissement suisse Abendrot, qui décide de racheter le terrain, et en 2012, de le mettre à disposition de la coopérative habitante Holzmarkt pour 75 ans. Holzmarkt est aujourd’hui financé par les 200 membres de la coopérative pour la créative urbaine (GuK), ce qui a permis d’aménager au fur et à mesure plusieurs espaces aux usages appréciés de tous : “la pampa” un bar-jardin à proximité de l’eau, des lieux culturels (studio musical, une salle de concert, une galerie d’exposition) une crèche, une boulangerie, une salle de yoga, un club Kanter Blau… Et l’aventure ne semble pas prête de s’arrêter.

Derrière cette diversité d’usages, Holzmarkt fait preuve de résistance face à un quartier en pleine transformation où les projets immobiliers de luxe foisonnent. Un modèle de fabrique de la ville par et pour les habitants qu’il est intéressant de mettre en valeur tant par son côté alternatif que par la solidité de son modèle. Preuve qu’il est possible de faire autrement pour que nos villes deviennent des espaces toujours plus vivants et collaboratifs. 

Crédit photo de couverture ©Trine SyvertsenSuivre via Flickr