Plein phare sur les villes moyennes !
”Cela fait 40 ans qu’on s’occupait des zones rurales et des banlieues, mais personne n’avait osé se pencher sur les villes moyennes” a rappelé Alain Chrétien, Maire de Vesoul et président de sa communauté d’agglomération lors de la table ronde clôturant la deuxième édition du grand rendez-vous national de la Fédération Nationale des Centres-Villes (FNCV) qui s’est tenue le 26 septembre au cirque d’hiver Bouglione à Paris. L’occasion de partager des constats entre acteurs institutionnels, opérationnels, économiques et commerçants, et de faire le point sur les nombreux outils et leviers mobilisables pour la (re)dynamisation des petites et moyennes villes.
Un angle mort au vu des objectifs de décentralisation qui est désormais pleinement investi grâce à l’inventivité et à la vitalité des tissus locaux dont la FNCV se fait l’écho, combinées à l’émergence de politiques publiques à l’écoute des nouveaux modes de production urbaine par l’intermédiaire du programme Action Cœur de Ville (ACV), dont les mesures et les modalités ont été longuement discutées au cours de cette journée enrichissante. Lancée en avril 2022, cette deuxième session du dispositif ACV concerne pas moins de 222 villes du pays et s’est même vu prolongée jusqu’en 2026, après la remise d’un rapport au Président de la République en juillet dernier. Une deuxième édition qui entend privilégier la redynamisation des cœurs de ville et plus largement le renforcement de l’attractivité des villes à taille humaine au sein de leur territoire. notamment en mobilisant les secteurs dits d’entrées de ville et/ou de quartiers de gare, une manière de s’attaquer à ce qui a régulièrement été désigné comme “la France Moche”.
Une nouvelle fiscalité pour les villes moyennes ?
Afin de lutter contre l’étalement urbain et d’assurer le maintien d’une offre commerciale adaptée au sein des coeurs de ville, élus et institutionnels présents lors de cette table ronde ont notamment partagé des pistes de réflexions visant des mesures incitatives pour renforcer la “ville des cinq minutes” : un nouveau Fisac partenarial et l’instauration de nouvelles zones franches.
Jusqu’à sa suppression en 2019, le Fonds d’intervention pour les services l’artisanat et le commerce (Fisac) fournissait des subventions pour favoriser la création, le maintien, la modernisation, l’adaptation et la transmission des entreprises et commerces de proximité. Regretté par de nombreuses municipalités, ce dispositif pourrait revenir sur le devant de la scène, à la suite de discussions engagées avec le Ministre de l’Économie selon Alain Chrétien. Cette nouvelle mouture prendrait de l’envergure en associant l’Etat, les régions et les intercommunalités dans un grand effort de soutien aux commerces de proximité, fragilisés par le développement de l’e-commerce, notamment depuis les confinements de 2020.
Avec un objectif similaire, le président de la FNCV, Jean-Pierre Lehmann, a appelé de ses vœux la mise en place de zones franches de centre-ville, un “système fiscal avantageux” pour les entreprises qui souhaiteraient venir s’implanter en cœur de ville. Cette idée pourrait se concrétiser en s’appuyant sur les zones de revitalisation de centre-ville, instaurées par la loi de finances de 2020, dispositif qui permet d’exonérer les artisans et les commerçants de proximité de certaines taxes, en partie ou en totalité (la taxe foncière sur les propriétés bâties, la cotisation financière des entreprises et la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises).
Des outils numérique pour lutter contre le e-commerce
Les nouveaux commerçants qui vont s’installer de plus en plus dans les villes moyennes, sous l’effet des mesures annoncées et des premiers résultats des programmes en cours, pourront également profiter de nombreux leviers engagés ces dernières années dans un contexte post Covid-19 pour favoriser le commerce de proximité. Au premier rang desquels l’application Boutic développée par la FNCV et son prestataire GBF Communications, qui vise à mettre “le commerce directement dans la poche du consommateur”. Présente aujourd’hui dans 42 villes sur l’ensemble du territoire national, l’application référence toutes les boutiques du centre-ville, les offres, les promotions et les événements de chacun (à condition que les différents commerçants la maintiennent à jour).
Une manière d’inciter les consommateurs à privilégier les commerces locaux, à l’heure ou la visite d’une enseigne est de plus en plus précédée par celle d’un site internet. Créer un site internet et une boutique, c’est notamment ce que propose l’entreprise Ciss, également présente lors de ce grand rendez-vous national de la FNCV. A noter que l’offre de Ciss la plus plébiscitée par les municipalités reste celle de la carte commune : son principe est simple, via un petit pourcentage prélevé sur chaque vente, les commerçants acceptent d’alimenter une carte client qui peut ensuite être utilisée dans un réseau de boutiques d’un centre-ville donné. Une carte commune conçue à la fois pour renforcer les synergies entre commerçants et au bénéfice d’une offre complémentaire et attractive pour les usagers. Ce dispositif a par exemple permis de faire grimper significativement le chiffre d’affaires cumulé des commerçants de la ville de Fécamp (19 000 habitants).
Pour autant, et comme cela a été rappelé à maintes reprises au cours du grand rendez-vous national de la FNCV, il ne suffit pas d’un coup de baguette numérique pour revitaliser magiquement les centres-villes. Il faut surtout et avant tout assurer l’animation en permanence du réseau d’acteurs par de nombreux biais, que ce soit par le soutien et les retours d’expérience proposés par la FNCV, par l’action des managers de centres-villes ou plus épisodiquement par l’organisation d’évènements et d’activités qui viennent injecter du désir et des possibles dans les vitrines des cœurs de villes moyennes !
Pour revivre les temps forts de cette journée et découvrir quelques uns des participants et intervenants, n’hésitez pas à retrouver le reportage vidéo réalisé par la FNCV :
Image de couverture ©FNCV