En quelques annĂ©es, l’agriculture urbaine n’a eu de cesse de se rendre plus accessible pour les habitants des villes. Qui de la terrasse-potager ou de l’aquaponie sur balcon laissait prĂ©sumer que finalement mĂŞme les citadins pouvaient faire pousser leurs tomates chez eux et consommer local ? Les mille concepts de fermes urbaines s’étendent et fleurissent ainsi (sur) les toits de Nantes, de Lyon, de Bordeaux… Ă€ Paris, la plus grande ferme urbaine d’Europe est mĂŞme en train d’ouvrir ses portes au-dessus du parc des expositions, ce mĂŞme bâtiment oĂą la semaine dernière se tenait le salon de l’agriculture : Ă©vĂ©nement rural par excellence qui se montre chaque annĂ©e un peu plus attractif. Les urbains, fatiguĂ©s des fast-food et des supermarchĂ©s, lancent un appel au secours Ă l’alimentation locale, que les AMAPs (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) semblent avoir entendu. Ces dernières augmentent leur clientèle urbaine chaque annĂ©e et fournissent de nombreux quartiers en fruits et lĂ©gumes locaux. La culture urbaine hors-sol suffira-t-elle alors Ă entamer la transition d’un retour au local ? Plus qu’une autosuffisance alimentaire, les villes se rendent compte qu’elles sont dĂ©sireuses de privilĂ©gier les circuits courts dans leurs façons de s’alimenter. Selon le ministère de l’Agriculture : “un circuit court est un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte Ă condition qu’il n’y ait qu’un seul intermĂ©diaire.” En ce sens, la diminution du trajet entre le producteur et le consommateur est un bon axe de progression vers la diminution de l’empreinte carbone. Serions-nous prĂŞts Ă sortir de nos grandes surfaces et Ă attraper nos cabas pour se rendre au marchĂ© Ă cĂ´tĂ© de chez nous ?Â
C’est en tout cas ce qu’encouragent certains candidats aux municipales en France. Le retour au local est un point de convergence pour beaucoup d’entre eux, en ville. Les circuits courts ont cependant plusieurs visages. Anne Hidalgo, candidate à la mairie de Paris, s’est par exemple étendue sur la notion de “ville du quart d’heure”, visant le rapprochement de la demande de l’habitant à l’offre qui lui est proposée permettant plus d’instantanéité et plus d’ubiquité pour la ville. Chez les écologistes, les circuits courts prennent plutôt la forme d’un rapprochement des producteurs dans les cantines des écoles, ou des espaces publics.
Coup de projecteur sur…
RENNES
En Île-et-vilaine, les programmes des candidats aux municipales se sont tous teintés d’une jolie couleur verte et semblent faire consensus à beaucoup d’endroits. Tous, à leur échelle, sont d’accord pour atteindre un nombre important de produits certifiés bio ou circuits courts dans la restauration collective des établissements publics comme les écoles. À la République en Marche, Carole Gandon veut leur faire atteindre 60% à minima. Pour Enora Le Pape, de la France insoumise et Matthieu Theurier, au parti écologiste, le défi est plus radical : 100% de la nourriture des écoles devra être bio ou locale, ce dernier militant également pour l’interdiction des pesticides dans l’agglomération. Pour Eric Salmon du RN, il faut aussi “compléter et encourager les AMAP pour la livraison de fruits et légumes locaux”.
L’alimentation des rennais prĂ©occupe nos candidats qui laissent tous figurer dans leurs programmes le souhait d’encourager l’alimentation issue des filières “plus bretonnes” !Â
Le MarchĂ© des Lices Ă Rennes – CrĂ©dit photo ©ENoz via WikipĂ©dia
BORDEAUX
Ă€ Bordeaux, pour les municipales 2020, c’est la question du logement et notamment du logement social qui est au cĹ“ur du dĂ©bat. Le prix du foncier est devenu inabordable dans la capitale girondine, ce qui en fait frĂ©mir certains : Bordeaux n’est plus accessible Ă une classe moyenne. Les circuits courts semblent ĂŞtre un levier efficace pour recrĂ©er du lien entre plusieurs catĂ©gories de la population.Â
Thomas Cazenave, candidat LREM Ă Bordeaux propose de “jouer local” en rĂ©conciliant Bordeaux avec les territoires. Ses propositions ? DĂ©velopper des lieux d’interface avec les agriculteurs de la rĂ©gion. Il souhaite Ă©galement faire du MarchĂ© d’IntĂ©rĂŞt National (MIN) de Bordeaux un espace d’agriculture locale. En outre, il se montre favorable aux nouvelles techniques d’agriculture en ville en voulant accompagner les “couveuses agricoles”.
Bruno Paluteau, candidat RN propose quant à lui de faire baisser les prix du logement en valorisant notamment sur la “dé-métropolisation” et le “localisme”. Ce dernier défend l’idée d’une ville à moins grande échelle, composée de villages, envisageant une façon de recréer des circuits courts. Selon lui, ces “villages en ville” passent aussi par le développement du télétravail, la facilitation de la création de start-up et le développement de la 5G qui “encouragera les circuits courts.”
Alors : qui des AMAP ou de la 5G viendra à la rescousse de vos légumes locaux ?
Crédit photo de couverture ©Markus Spiske via Unsplash