Quand la ville se met Ă  la conquĂŞte des montagnes

Les sommets de nos reliefs français ont longtemps Ă©tĂ© une zone vierge de toute urbanisation. Territoires hostiles Ă  l’installation humaine, ce n’est qu’à partir du XXème siècle que certains entrepreneurs y voient un rĂ©el potentiel de dĂ©veloppement urbain avec un nouvel intĂ©rĂŞt dans les sports de loisirs de montagne et notamment le ski. En effet, dès le dĂ©but des annĂ©es 20, des premiers investisseurs s’intĂ©ressent aux villages de montagne Ă  fort potentiels, comme le Baron de Rothschild pour le village de Megève au sein duquel il y dĂ©veloppera un grand nombre d’infrastructures. Les progrès techniques amenĂ©s avec le dĂ©veloppement de l’industrialisation, ont favorisĂ© l’implantation des premières stations : grâce aux premières remontĂ©es mĂ©caniques, le ski devient alors accessible Ă  tous. La conquĂŞte des montagnes s’accĂ©lère Ă  la fin de la Seconde Guerre mondiale : en 1946 est inaugurĂ©e la station de Courchevel 1850, la première station construite sur un site vierge. L’urbanisation de la montagne est alors lancĂ©e.

Les annĂ©es 60 sonnent l’arrivĂ©e des Plans Neige, qui ont pour objectif de crĂ©er et d’amĂ©nager un grand nombre de stations de sport d’hiver en haute montagne. De 1964 Ă  1977, ce sont en tout 150 000 lits qui sont construits et rĂ©partis dans plus de 20 nouvelles stations et 23 dĂ©jĂ  existantes. Ces nouvelles stations sont d’ailleurs des symboles de modernitĂ© : on y dĂ©ploie des architectures novatrices, aux formes symbolisant les paysages de montagne, Ă  la recherche d’une harmonie entre la ville et la nature. Les stations des Arcs, Aime 2000 ou encore Les Orres en sont des beaux exemples. On y construit des ensembles de logements aux pentes de toits assurĂ©es, avec des appartements de grande qualitĂ©, possĂ©dant bien souvent des terrasses et de grandes ouvertures sur l’extĂ©rieur. Ces architectures typiques des stations sont d’ailleurs aujourd’hui inscrites au patrimoine français du XXème siècle comme les chalets de HJ Le Meme Ă  Megève, les immeubles de C. Perriand aux Arcs, Courchevel 1850, FlaineAvoriaz ou encore Karellis.

photo de la station de flaine

Les immeubles de logement de la station savoyarde Flaine, imaginĂ©e par l’architecte Marcel Breuer, sont classĂ©s depuis 2008 “Patrimoine Architectural du XXème siècle” – CrĂ©dit photo ©️DimiTalen via WikipĂ©dia

Aujourd’hui, les différents massifs montagneux français accueillent au total, 350 stations de ski. Les progrès techniques ont permis d’optimiser le fonctionnement des stations, en améliorant considérablement le confort de leurs usagers, ainsi que l’enneigement des pistes avec l’apparition de la neige de culture… L’arrivée du TGV en bas des pistes a également favorisé l’accès aux stations. Il est désormais possible depuis Paris d’arriver en 5 heures sur les pistes, une vraie révolution ! Mais pourtant, au-delà de ces progrès, un constat reste inévitable : les stations n’attirent plus autant qu’avant. Le manque d’enneigement dû au réchauffement climatique, le coût élevé des sports d’hiver et enfin bien entendu, la dangerosité du ski… Autant de critères qui en démotivent plus d’un.

Sans neige, quel avenir pour les stations de ski ?

Les montagnes françaises sont les premières à souffrir du réchauffement climatique en cours. Les effets y sont bien plus brutaux et plus rapides qu’ailleurs. D’après l’Observatoire régional des effets du changement climatique, les Alpes françaises, depuis 1960, ont connu une diminution de 30 % du manteau neigeux avec une augmentation de 1,6 degrés. Il neige de plus en plus tard et les saisons propices aux sports d’hiver finissent de plus en plus tôt, car avec l’augmentation de la chaleur ambiante, la limite pluie-neige grimpe de plus en plus, de 150 mètres pour chaque degré supplémentaire.

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