La récente élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a fait couler beaucoup d’encre, en particulier à propos de son projet de mur de séparation avec le Mexique. On le sait, nous vivons dans une période où les murs sont légions et où l’idéal de frontières ouvertes comme l’espace Schengen se fissure petit à petit. Si les murs sont donc de plus en présents dans nos villes et nos territoires, certains essayent de les sublimer en les embellissant ou en y inscrivant des messages de paix ou d’hommages. Ces murs sublimés peuvent aller jusqu’à devenir des hauts lieux de tourisme, quid alors de leur fonction séparatrice ? Plus encore, bien que les décisions politiques semblent pousser les architectes à construire des murs de plus en plus hauts et hermétiques, ces derniers se jouent de ces injonctions et proposent des murs aux formes pour le moins singulières. Leur inventivité et leur optimisme vont même dans certains cas, transformer la vocation première des murs en les changeant en points de passage ou points de refuge. Alors, paradoxalement, faut-il se réjouir de ces murs qui fleurissent et offrent des possibilités inattendues d’expression et de dialogue entre les peuples ?
Les murs comme support d’expression plastique et politique
Dans des sociétés et une géopolitique globale qui insistent sur la sécurité des États-nations, les murs se démultiplient sur la planète. Au-delà de ces murs politiques, souvent inaccessibles et défendus par toutes sortes de barrières et de grillages, il existe d’autres types de murs, ceux que rencontrons au quotidien. Ce sont les murs aveugles de nos immeubles, les murs d’enceinte de tous les bâtiments, les murs qui construisent nos villes en somme. Ces derniers, au-delà de leur caractère utilitaire, connaissent de nouveaux visages. En particulier, le botaniste et chercheur français Patrick Blanc a généré un nouveau regard sur nos murs grâce à son concept horticole de mur végétal sur support de feutre horticole. Ce concept qui se développe depuis une vingtaine d’années connaît l’une de ses réalisations les plus célèbres, le mur végétalisé du musée du Quai Branly, inauguré en 2012 qui rencontre un grand succès. Cette innovation a permis de donner de nouveaux visages à bon nombre de nos façades urbaines.
Si on tente donc de magnifier nos murs à grands coups de végétaux, certains collectifs comme les artistes du Boa Mistura ont à cœur d’agrémenter les murs des quartiers défavorisés comme ceux des favelas brésiliennes. À l’aide de couleurs vives, ce collectif peint des mots d’espoir sur les murs de ces ruelles tels que « amour », « force », « bonheur »… Ce genre d’actions s’inscrit dans la lignée plus générale du street-art.
Si, on le sait, et les exemples en la matière sont nombreux, les street-artistes investissent les rues pour exprimer des messages politiques, nous ne garderons qu’une illustration de murs particulièrement parlants. Ces murs sont ceux de la ville de Belfast, capitale de l’Irlande du nord. Cette ville a été séparée en deux par un mur suite au conflit religieux qui a déchiré l’Irlande dans les années 80 et est encore bien visible dans la ville. Depuis, le mur de séparation a été largement investi et les habitants expriment leurs convictions politiques par de grandes fresques à l’effigie de leurs héros comme Bobby Sand. Le résultat est à la fois impressionnant et particulièrement émouvant car on peut littéralement lire l’actualité de ce conflit sur les murs de la ville. Ces murs sont singuliers car, plus qu’une simple revendication, ils deviennent le support d’un hommage à l’échelle de la ville.
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