Pauline Philippe est cheffe de projets en biomimétisme et immobilier durable chez Elan, conseil en immobilier. Nous l’avons rencontré dans le cadre de l’édition 2018 du SIMI, le Salon des Professionnels de l’Immobilier. À cette occasion, elle nous a expliqué une tendance émergente : le biomimétisme.

Qu’est-ce que le biomimétisme ?

Le biomimétisme est une méthode qui consiste à s’inspirer des principes du vivant afin de réaliser un immobilier durable, adaptable à chaque projet en fonction de ses enjeux. La méthode d’accompagnement à la démarche biomimétique, que j’ai développé chez Elan, se résume en 3 phases :

  • Acculturation de l’approche bio-inspirée et identification des enjeux écosystémiques du projet
  • Compréhension et transposition des modèles biologiques pour insuffler de nouvelles idées
  • Faisabilité et implémentation des concepts développés dans le projet.

Quelle est la place du biomimétisme dans l’immobilier ?

Le biomimétisme est un sujet en devenir. Il apporte des méthodes et des solutions pour la ville de demain. ELAN est une agence créative de conseil en immobilier qui s’articule autour de trois axes :

  • Green planet, construire durablement (bas carbone, biomimétisme, économie circulaire, biodiversité, biophilie, démarches de certifications, etc.)
  • Digital way, utiliser le digital dans l’immobilier.
  • User expérience, intégrer les usages dans le développement de projets.

Quels sont les enjeux et les freins du biomimétisme dans l’immobilier ?

Compte tenu des enjeux mondiaux actuels, il est urgent de concevoir autrement, de concevoir un immobilier régénératif à externalités positives bénéfique pour son environnement proche. L’objectif est de créer des synergies entre les bâtiments situés dans ce périmètre, afin de réaliser un véritable écosystème. Les freins principaux au développement du biomimétisme sont l’éducation à la biologie, aujourd’hui peu présente dans le domaine universitaire.

Quelle évolution du biomimétisme dans l’immobilier ?

Cette année, la 3ème édition du salon Biomim Expo, organisée par New’ Corp et portée par le CEEBIOS (Centre Européen d’Excellence Européen du Biomimétisme de Senlis) a connu un attrait grandissant d’acteurs : professionnels de l’immobilier et de secteurs variés, développeurs de solutions biomimétiques, étudiants qui seront les professionnels de demain. Cette évolution illustre l’engouement pour le biomimétisme dans le domaine de l’immobilier.

De quoi l’immobilier d’aujourd’hui peut-il déjà s’inspirer  ?

Trois échelles caractérisent le biomimétisme. L’échelle des formes qui est surtout liée à l’architecture des bâtiments, l’échelle des matériaux qui correspond principalement aux innovations technologiques et l’échelle de l’écosystème qui permet de créer des cycles vertueux et des échanges entre les entités urbaines. Le biomimétisme se travaille aussi à plusieurs échelles géographiques, que ce soit à l’échelle de l’immeuble qui peut avoir de multiples interactions internes et aussi avec l’extérieur, ou à l’échelle de l’îlot et/ou du quartier.

Un projet biomimétique est nécessairement porté par une équipe pluridisciplinaire. Écologue, biologiste, entomologiste sont des profils scientifiques qui s’intègrent au groupement pour concevoir un projet immobilier biomimétique aux côtés des architectes, paysagistes et maîtres d’ouvrages convaincus de l’importance de l’engagement environnemental. Une acculturation à la connaissance du fonctionnement du vivant est donc une étape incontournable pour s’inspirer de la nature.

Photo de couverture: bâtiment biomimétique, Arcueil – Lauréat du concours « Inventons la Métropole du Grand Paris »