130 mètres carrés de néons blancs constituent le projet artistique des 2 allemands. À l’aide de claviers spécialement créés pour l’œuvre, les passants et les utilisateurs de la station de métro peuvent y faire figurer des dessins ou bien des mots de huit lettres maximum. Chacun peut donc y représenter la forme de son choix et faire véhiculer un message aux autres voyageurs de la station.

Le hic : la Toronto Transit Commission (TTC) a décidé la veille de l’inauguration de ne finalement pas allumer les néons. Si l’installation avait été sélectionnée par un jury, aucun accord de la part de la TTC n’avait pourtant été signé. La décision de ne pas allumer les néons est justifiée selon Stewart Green, le porte-parole de la TTC, par l’éventualité pour les passants d’y faire apparaître des mots offensants, ou qui pourraient faire paniquer la foule.

Bien que chaque message puisse être effacé et remplacé par quelque chose de plus avenant, la TTC a essayé de proposer aux artistes des compromis, comme l’établissement d’une liste blanche, avec les mots autorisés, ou d’une liste noire avec les mots bannis. Les deux allemands ont refusé.

En effet, comment mettre en valeur une œuvre d’art supposée promouvoir la liberté d’expression, si on y lie une liste de mots interdits ou une liste restreinte de mots autorisés ? Cette idée de limiter les possibilités d’expression pour les passants, correspond à une censure qui va totalement à l’encontre du projet Lightspell. Si le point de vue de la TTC est justifié dans le cadre de la sécurité des usagers, faut-il pour autant museler leurs échanges ?

Dans nos espaces publics de manière générale, quel équilibre faut-il donc trouver entre la confiance envers les citadins et la préservation de l’harmonie urbaine ?