Tout commence avant 1968. Les premiers troubles éclatent au sein de l’Ecole des beaux-arts en 1966. On y enseigne l’architecture académique, des cas théoriques, cela reste un apprentissage tourné vers l’esthétique. Les commandes et exercices effectués par les élèves sont principalement des « villas », des demeures bourgeoises et non des logements, or les étudiants réclament des cas pratiques proches de la réalité du terrain.

On assiste alors à un profond clivage dans le corps des architectes. Quelques étudiants dénoncent les règles et les modèles esthétiques, ils réclament une libération de la pratique architecturale, ils veulent expérimenter, s’inspirer des sciences humaines, faire de l’architecture une discipline plus ouverte sur le monde.

En mai 68, on dénonce le « nœud-pap » qui symbolise une discipline vaniteuse, on réclame un rapport entre nouveaux et anciens architectes moins hiérarchique, et surtout, les élèves souhaitent redonner du sens à l’architecture, notamment en s’interrogeant sur son rôle social et en replaçant la discipline dans le réel de la société afin de la rendre utile à tous.

Conséquences ? En décembre 1968, l’école d’architecture est réinventée. Un décret de André Malraux réorganise l’enseignement de l’architecture. La discipline sera enseignée en dehors des Beaux-Arts, par des enseignants plus jeunes, plus engagés et dans des universités pluridisciplinaires.


L’exposition propose d’explorer ce basculement avec différents éléments d’archives. On y découvre le cheminement qui a permis l’enseignement architectural actuel. On en suit le fil, du refus de l’héritage des Beaux-arts à la prise de conscience et l’engagement politique, pour comprendre la naissance de cette école réinventée.

Il n’existe pas d’esthétique, ni de courant architectural propre à Mai 68, mais plutôt un changement profond de la discipline architecturale.

L’exposition nous propose aussi différentes interviews filmées d’extraits de témoignages de vingt-sept personnalités qui ont vécu ce basculement dans l’enseignement de l’architecture. Des témoignages très intéressants qui expliquent les motivations de ce changement, l’expérience vécu par les élèves, mais aussi les conséquences pour l’architecture d’aujourd’hui.

Pour aller voir cette exposition, vous avez jusqu’au 17 septembre 2018. C’est au Palais Chaillot, à la Cité de l’architecture et du patrimoine, tout les jours, sauf le mardi, de 11h à 19h (nocturne le jeudi jusqu’à 21h).